Tribune du collectif AIR-SANTE-CLIMAT- La pollution de l'air comme vecteur du Covid-19?
Notre collectif AIR-SANTE-CLIMAT composé de médecins, de chercheurs et de responsables associatifs a pour objectif d’alerter sur l’impact de la pollution atmosphérique sur la santé et de proposer des solutions pour améliorer la qualité́ de l’air. Notre combat est celui de la vérité scientifique.
Cette tribune a été adressée à tous les Préfets et aux Ministères de l’Intérieur, de la Santé, de l’Agriculture, de la Transition écologique et au Premier Ministre.
Dans le contexte sanitaire lié à l’épidémie Covid-19 que nous traversons, notre collectif AIR-SANTE-CLIMAT se doit de vous alerter rapidement sur la nécessité de limiter drastiquement les épandages agricoles afin de tout mettre en œuvre pour limiter la propagation du virus.
La pollution de l’air, en plus de fragiliser notre système immunitaire et de nous rendre plus sensibles aux infections notamment virales, permet également une meilleure diffusion et donc une meilleure transmission des agents pathogènes tels que le coronavirus.
Cela est connu depuis longtemps pour le SARS et les virus de la bronchiolite mais a également été récemment démontré pour le coronavirus en Italie avec davantage de transmission et de propagation du virus en fonction des taux de particules fines. Les particules fines servent donc de vecteur, de transporteur au virus qui se déplace d’autant plus facilement lorsque l’air est chargé de particules fines.
Fort heureusement les mesures de confinement font coup double à la fois en limitant le risque de transmission entre les individus mais également en diminuant la pollution notamment aux particules fines du trafic routier et ainsi les effets sanitaires associés.
Néanmoins, comme on le voit actuellement dans de nombreux départements français le printemps est la période d’épandage agricole, grand pourvoyeur de particules fines.
En effet, lors des épandages, le gaz ammoniac (NH3) va, en passant dans l’atmosphère, réagir avec les oxyde d’azote (NOx) pour former des particules de nitrate d’ammonium et de sulfate d’ammonium.
Tous les ans, à la même période, les épandages agricoles sont responsables de pics de pollution printaniers durant les mois de mars à mai.
Ces particules printanières sont, de par leur composition, moins toxiques que des particules de combustion issues par exemple du trafic routier néanmoins elles vont également servir de vecteur de transmission au virus.
Ces particules peuvent voyager sur plusieurs kilomètres et donc transporter également le virus sur de longues distances!
On ne choisit pas l’air que l’on respire, et il est possible dans chaque département de protéger les populations de ce risque supplémentaire de contamination au Covid-19 en limitant drastiquement les épandages agricoles, et en imposant des alternatives moins émettrices de NH3 dans l’air (technique d’enfouissement de l’engrais).
Professeur Isabella Annesi-Maesano, Directrice de recherche INSERM / Directrice d’équipe labellisée INSERM et Sorbonne Université EPAR ;
Docteur Mallory Guyon, Collectif Environnement Santé 74 ;
Docteur Thomas Bourdrel, Collectif Strasbourg Respire ;
Docteur Gilles Dixsaut, Fondation du souffle contre les maladies respiratoires ;
Docteur Pierre Souvet, Association Santé Environnement France (ASEF) ;
Docteur Jean-Baptiste Renard, Directeur de recherche LPC2E-CNRS ;
Guillaume Muller, association Val-de-Marne en Transition.