Notre enquête sur les PCB - 2008
L’étude sur l’imprégnation aux PCB des riverains du Rhône constitue la toute première action de l’ASEF. Menée en mai 2008, elle a permis une meilleure prise en considération de la problématique. Voici donc en quelques mots les résultats cette étude menée par nos médecins et le WWF.
Qu’est-ce que les PCB
Les PCB, ou Polychlorobiphényles, sont des polluants organiques persistants. Ils ont une forme liquide et sont lipophiles – ce qui signifie qu’ils se stockent dans le gras.
En France, ils sont interdits depuis 1987, mais ils se trouvaient autrefois dans les transformateurs, condensateurs et dans certains produits de consommation courante.
L’homme peut être contaminé par son alimentation, par inhalation ou encore par contact cutané. Les mères peuvent en transmettre à leurs bébés par le biais du placenta et du lait maternel.
Les PCB favorisent le développement de cancers et affectent le système immunitaire. Ils sont également mis en cause dans certains troubles de la reproduction.
Pourquoi avoir réalisé cette étude
Avec le WWF, nous avons décidé de mener une étude d’imprégnation aux PCB chez l’homme pour appeler à la réflexion et à l’action sur ce problème de santé publique, qui n’est pas pris en compte comme il se doit.
Méthodologie
Tout d’abord, nous avons choisi de procéder à une étude d’imprégnation et non à une étude d’exposition. Par le biais des prélèvements sanguins, l’étude d’imprégnation permet une prise en compte de l’exposition cumulative dans le temps, et donc d’obtenir une valeur d’imprégnation de référence précise. A l’inverse, l’étude d’expositionrepose essentiellement sur un calcul réalisé à partir des déclarations de consommation.
Cette étude a pris en compte l’exposition liée à : la consommation de poissons d’eau douce contaminés, aux niveaux de contamination des sites étudiés, aux apports alimentaires « bruit de fond », à l’âge, au poids et à la région de résidence.
Les dosages ont été réalisés par laboratoire CARSO de Lyon selon une méthodologie de prélèvements et de transports standardisée.
Ils ont été effectués sur 21 femmes et 31 hommes soit 52 personnes volontaires. Nous avons divisé cette population en 3 groupes, en prenant en compte deux facteurs que sont le lieu de vie et l’origine du poisson consommé.
Les résultats de l’étude d’imprégnation aux PCB
Les résultats obtenus ont été jugés « préoccupants » puisqu’ils témoignent d’une imprégnation des consommateurs de poissons quatre à cinq fois supérieure aux autres groupes tests.
Groupe 1
Ce groupe est composé de 33 personnes qui vivent au bord du Rhône et mangent du poisson du fleuve ou de la mer au moins une fois par semaine. Nous avons établi au sein de ce groupe un Sous-groupe 1 constitué de 15 personnes qui mangent, elles, du poisson au moins deux fois par semaine.
En moyenne, on a relevé chez les personnes du Groupe 1 69.9 picogrammes de PCB par gramme de matière grasse.
Si l’on s’intéresse seulement au Sous-groupe 1, le taux moyen passe alors à 93.13 picogrammes de PCB par gramme de matière grasse.
On remarque clairement que la durée d’exposition est directement liée au taux relevés.
En ce qui concerne plus précisément, le Sous-groupe 1, les personnes les plus imprégnées sont celles qui ont vécu près du fleuve le plus longtemps comme les pécheurs professionnels ou amateurs et qui consomment beaucoup de poissons. On s’est aperçu que certains avaient des taux de PCB importants alors qu’ils ne consommaient pas de poissons de rivière… En recoupant plusieurs données, on a pu conclure que la consommation de poissons « de mer » pêchés à l’embouchure pouvait aussi être mise en cause.
Groupe 2
Ce groupe est composé de 13 personnes qui vivent près du fleuve, mais mangent peu de poissons – moins d’une fois par semaine. En moyenne, on a relevé chez les personnes de ce groupe des taux de 28.03 picogrammes de PCB par gramme de matière grasse.
A propos du Groupe 2, on peut dire que les taux observés le place au dessus du «bruit de fond » décrit par les études d’imprégnations internationales. Ils ne sont pas complètement superposable à l’âge. Pourtant, leur consommation de poisson est irrégulière. On peut alors se demander, s’il existe une autre source de contamination.
Groupe 3
Ce groupe est composé de 6 personnes qui ne vivent pas près du Rhône et ne consomment pas de poisson. En moyenne, ils sont imprégnés aux PCB à hauteur de 16.83 picogrammes de PCB par gramme de matière grasse. Les résultats de ce Groupe 3 correspondent au « bruit de fond ». Les taux augmentent avec l’âge, ceci en raison du processus de bioaccumulation.
Cette étude a suscité la réflexion au niveau des pouvoirs publics qui ont décidé de lancer une étude de ce type à grande échelle. Mais aussi nous l’espérons au niveau individuel, voici ici quelques petits principes de précaution pour se protéger.
Peut-on se protéger des PCB
Cette étude a fait surgir de nombreuses questions. Certaines d’entre elles restent encore sans réponse.Chacun de ces doutes, qui subsistent, renforcent notre conviction de médecins de terrain de la nécessité absolue d’adopter un principe de précaution.
Aujourd’hui, ce polluant existe, il est source de nuisance pour de nombreuses personnes. Il faut lui faire face notamment en mettant en place un suivi des populations particulièrement exposées, mais aussi en le considérant comme un vrai facteur de risque sanitaire.
Voici ci-après quelques conseils pour réduire votre risque d’exposition aux PCB….
– Vous pouvez être exposés aux PCB en mangeant du poissons péchés dans des endroits contaminés. Nous conseillons, surtout pour les femmes enceintes, de réduire la consommation de poisson à une fois par semaine.
– Eviter le contact avec les vieux appareils ou installations éléctriques ainsi que les transformateurs. Ils peuvent contenir des PCB.
Si vous souhaitez connaître votre taux de PCB…
Des tests permettant de mesurer le niveau de PCB dans le sang, dans la masse graisseuse et dans le lait maternel existent. Cependant, peu de laboratoires sont habitués à les mener et ce type d’analyse n’est pas remboursé.
La quasi totalité des gens ont des traces de PCB dans leurs corps puisque presque tout le monde a été exposé au travers de son environnement.
Les tests peuvent montrer si vos niveaux de PCB sont élevés, ce qui indiquerait le cas échéant une exposition au-dessus des niveaux normaux. Cependant, ils ne peuvent pas déterminer quand et sur combien de temps vous avez été exposé. Ils ne peuvent non plus prédire si votre santé sera affectée.
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