Le débrief de l'ASEF du 27 avril 2017
Bonjour à tous,
Cette semaine nous avons continué la préparation pour la soirée Biomaman ! Si vous n’êtes pas encore inscrit, c’est par ici !
Vous pourrez y rencontrer des professionnels de santé et des fabricants pour échanger avec eux sur la problématique des perturbateurs endocriniens pendant la grossesse.
Et sinon, quelles sont les actualités santé et environnement de cette semaine?
Les ondes téléphoniques mises en cause dans le développement d’une tumeur bénigne en Italie
La responsabilité des ondes électromagnétiques dans le développement de tumeurs cérébrales est un sujet débattu depuis plusieurs années, sans qu’un consensus ait pu être adopté.
Cette semaine, un tribunal italien a reconnu un lien entre l’utilisation du téléphone portable chez un homme de 57 ans et l’apparition d’un neurinome de l’acoustique, une tumeur bénigne touchant le nerf vestibulocochléaire et entraînant une surdité et des troubles de l’équilibre. Le travail de cet homme l’obligeait en effet à utiliser son téléphone portable entre trois et quatre heures par jour pendant quinze ans. Le préjudice corporel ayant été estimé à 23%, l’Institut National d’Assurance contre les Accidents du Travail a été condamné à verser à cet homme une indemnité à vie de 500 Euros mensuels.
Cette décision de justice n’est pas une première ; en Italie, la Cour de Cassation a reconnu comme maladie professionnelle une tumeur liée à l’usage intensif du téléphone portable. Aux Etats-Unis, le même jugement avait été rendu en 2006.
Rappelons que si les études scientifiques menées à ce jour n’ont pas permis de parvenir à une conclusion définitive sur le rôle des ondes téléphoniques sur le développement de tumeurs, en 2011 une trentaine d’experts internationaux avaient estimé que l’usage du téléphone portable pouvait être cancérogène pour l’homme, et que de nouvelles études étaient nécessaires (1). La même année, une étude danoise n’a retrouvé aucune augmentation du risque de cancer cérébral associée à l’usage du mobile. Cependant, une étude française de 2014 rapportait que des patients souffrant de tumeurs cérébrales rapportaient une plus grande utilisation du téléphone portable (2).
Les autorités sanitaires encouragent à la prudence. Le Centre International de Recherche contre le Cancer (CIRC) a classé les ondes électromagnétiques dans les cancérogènes possibles. Quant à l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES), elle estimait dans un rapport de 2013 que «les expositions environnementales de la population générale et leurs variations temporelles devraient être mieux documentées». Elle recommandait notamment l’utilisation de kits mains libres et une limitation de l’exposition des enfants.
Des perturbateurs endocriniens chez les enfants
Et puisqu’on parle d’enfants… La semaine dernière, le magazine 60 millions de consommateurs a alerté en publiant des résultats sur la contamination des enfants par les perturbateurs endocriniens. Selon le magazine, les jeunes Français sont «tous contaminés». Rappelons que les perturbateurs endocriniens sont des substances qui altèrent le système hormonal et peuvent agir à des doses minimes ; rappelons également que davantage que le composé en lui-même, c’est l’association de plusieurs composés qui en potentialise les effets (effet cocktail). On les rend notamment responsables de prématurité, de malformations congénitales, et de troubles de la reproduction, mais aussi de cancers et de maladies métaboliques.
L’association de consommateurs a fait analyser les cheveux de 43 enfants et adolescents de 10 à 15 ans, et y ont recherché 254 composés appartenant à 7 grandes familles de perturbateurs endocriniens (bisphénols, phtalates, pesticides, métaux lourds, polychlorobiphényles ou PCB, hydrocarbures aromatiques polycycliques ou HAP, et retardateurs de flamme bromés). Des polluants ont été retrouvés dans les cheveux de tous les enfants, avec de 23 à 54 molécules différentes.
Si le bisphénol A, interdit dans les emballages depuis 2015, n’a été retrouvé que dans 20% des échantillons, son remplaçant le bisphénol S a été retrouvé dans 98% des échantillons ; ce composé est suspecté d’avoir les mêmes effets que son prédécesseur. On trouve également des HAP chez plus de 70% des enfants. Enfin, des PCB ont été retrouvés chez tous les enfants sauf un, alors que ces substances sont interdites en France depuis… 1987.
En décembre dernier, l’Agence Nationale de Santé Publique a publié une étude mesurant la présence de ces polluants dans les urines de plus de 4000 femmes enceintes. Les composés des différentes familles de perturbateurs endocriniens avaient été retrouvés chez quasiment toutes les femmes (3). Ces différentes études montrent bien l’exposition permanente subie par toutes les personnes, y compris les catégories plus à risques (femmes enceintes, enfants).
Notons enfin que le 19 avril dernier, l’ANSES a conclu que le bisphénol A est susceptible d’altérer la fonction reproductrice, le développement de la glande mammaire, les fonctions cognitives et le métabolisme par le biais d’un mécanisme d’action faisant intervenir une perturbation endocrinienne. L’agence recommande donc d’identifier le bisphénol A comme substance extrêmement préoccupante pour son caractère de perturbateur endocrinien (4). Rappelons également qu’en 2015, avant son interdiction, l’agence européenne avait estimé que l’exposition au bisphénol A «aux niveaux actuels» ne présentait «pas de risque pour la santé». La chronologie de ces avis et la difficulté d’établir un lien avéré entre l’exposition à une substance et l’apparition de troubles de santé montre l’importance du principe de précaution.
Bibliographie
(1) Non-ionizing radiation, part 2 : Radiofrequency Electromagnetic Fields
IARC monography 102, 2013
(2) Mobile phone use and brain tumours in the CERENAT case-control study
Coureau et al., avril 2014, Occupational and Environmental medicine
(3) Imprégnation des femmes enceintes par les polluants de l’environnement en France en 2011. Volet périnatal du programme national de biosurveillance mis en œuvre au sein de la cohorte Elfe. Tome 1 : polluants organiques
Dereumeaux et al., 2016, Saint-Maurice : Santé publique France
(4) Avis relatif à l’identification en tant que substance extrêmement préoccupante du bisphénol A pour son caractère de perturbateur endocrinien
ANSES, 19 avril 2017
A jeudi prochain et d’ici là portez-vous bien !
Le Club des 11 de l’ASEF