L’aluminium, ce métal qui nous empoisonne : La synthèse de l’ASEF
L’aluminium : comment ça fonctionne
L’aluminium est un métal naturellement présent dans la croûte terrestre. Nous y sommes donc exposés de façon commune via l’air, l’eau, la terre et les roches. Mais il est également utilisé dans l’industrie et se retrouve de fait dans nos aliments, nos cosmétiques, et même ce qui peut sembler plus surprenant, dans nos médicaments ! Pourtant l’aluminium en tant que tel n’apporte rien à notre organisme. Au contraire, certains scientifiques le mettent en cause dans diverses pathologies. Alors que sait-on réellement de la toxicité de l’aluminium et où se cache-il ? L’ASEF vous dit tout sur ce polluant omniprésent.
Utilisation de l’aluminium
La fabrication de l’aluminium est assez délicate par rapport à d’autres métaux tels que le cuivre et le fer, utilisés depuis des siècles, ce qui explique son usage assez récent. Cependant il possède nombreuses propriétés physico-chimiques (malléabilité, conductivité électrique et chimique, basse densité…) et est de ce fait très utilisé de nos jours dans de nombreux domaines, comme l’industrie du bâtiment, l’industrie agro-alimentaire, les produits pharmaceutiques ; on le retrouve également employé dans la chirurgie, la cosmétologie ou le traitement des eaux potables.
Métabolisme de l’aluminium dans l’organisme
Lorsqu’on ingère de l’aluminium, on en élimine 95% dans les fèces sans qu’il ait passé la barrière intestinale. Pour la fraction qui parvient à traverser cette barrière, 83% sera éliminée dans les urines. Même si pratiquement tout l’aluminium absorbé est éliminé, notre organisme contient environ 30 à 50mg d’aluminium, stocké majoritairement dans les os, le foie et les poumons. Cependant on peut également en retrouver dans le cerveau, surtout chez les patients ayant une fonction rénale diminuée (notamment chez les patients dialysés). Une étude a également montré qu’une fraction de l’aluminium pouvait passer la barrière placentaire, et pourrait donc atteindre le fœtus [1].
Jusqu’en 2008, la dose hebdomadaire tolérable (DHT) de l’aluminium était de 7 mg/kg de poids corporel par semaine. Mais compte tenu des nouvelles avancées concernant les effets toxiques de ce métal, l’EFSA (European Food Safety Authority) a réévalué cette dose et a établi une nouvelle norme de 1 mg/kg de poids corporel par semaine. Pour un adulte de 60 kg, cela représente 8,5 mg/j.
L’exposition alimentaire journalière à l’aluminium dans plusieurs pays européens varie de 0,2 à 1,5 mg/kg par semaine en moyenne et peut atteindre 2,3 mg/kg par semaine chez les gros consommateurs exposés [2]. La DHT de 1 mg/kg par semaine est donc probablement dépassée dans une proportion significative de la population européenne.
Mais quels sont les impacts de cette accumulation sur notre santé ?
Toxicité de l’aluminium
C’est en 1976 que les premières découvertes ont été faites sur la toxicité de l’aluminium, lorsque des troubles neurologiques ont été diagnostiqués chez des patients dialysés. Ces patients ne possédant pas la fonction rénale nécessaire à l’élimination de l’aluminium, celui-ci s’accumulait dans le cerveau, provoquant troubles du langage, troubles moteurs et encéphalopathies. Une accumulation a également été montrée dans les os, conduisant à une ostéomalacie, c’est-à-dire une décalcification osseuse [3]. Depuis, en utilisant des solutions de dialyse à très faibles teneurs en aluminium, ces intoxications ont disparu et les scientifiques se sont intéressés à d’autres voies d’exposition à l’aluminium.
Implication de l’aluminium dans certaines pathologies
Effets de l’aluminium dans le squelette
L’aluminium s’accumule le plus facilement au niveau du tissu osseux. Il peut alors créer une interférence avec le phénomène de minéralisation osseuse, c’est-à-dire qu’il va former des cristaux aux endroits habituels où se dépose le calcium nécessaire à la minéralisation. L’aluminium stimule également plusieurs types de cellules osseuses, ce qui provoque une rupture de l’homéostasie du tissu.
Effets de l’aluminium sur le système nerveux
On entend depuis longtemps parler des effets potentiels de l’aluminium sur le cerveau, notamment suite aux premières découvertes sur la neurotoxicité de l’aluminium chez les patients dialysés. Après ces travaux, d’autres études se sont intéressées au rôle potentiel de l’aluminium dans des maladies neurologiques, notamment la maladie d’Alzheimer.
Cette pathologie, incurable et mortelle, commence par un déficit de la mémoire d’apprentissage et, en progressant, atteint toutes les fonctions intellectuelles notamment celles du jugement, du calcul mental et du langage. Elle se caractérise par la présence en grand nombre de deux types de lésions dans le cerveau : les plaques séniles et les dégénérescences neurofibrillaires. Or certaines études ont établi que dans ces zones, le taux d’aluminium était plus élevé que dans des tissus cérébraux sains. Il est néanmoins impossible de dire si ces dépôts d’aluminium sont la cause ou la conséquence de ces zones de tissu lésé.
Il faut noter que l’aluminium n’est pas le seul métal accusé de jouer un rôle dans le déclenchement de la maladie d’Alzheimer. Le manganèse, le mercure et le plomb sont aussi suspectés.
Outre cette implication dans la maladie d’Alzheimer, l’aluminium pourrait également être impliqué dans d’autres pathologies neurologiques, notamment d’autres formes de démence, la sclérose latérale amyotrophique (SLA), la maladie de Parkinson.
Les différentes sources d’exposition à l’aluminium et les risques pour notre santé
L’ingestion d’aluminium
Les sources
Alimentation
Etant présent dans notre environnement, l’aluminium se retrouve naturellement dans notre alimentation, en très faible quantité. Pratiquement toutes les denrées alimentaires en contiennent, à des taux divers. Si beaucoup d’aliments non transformés contiennent moins de 5mg/kg d’aluminium, on en trouve entre 5-10mg/kg dans le pain, les gâteaux, certains légumes et les produits laitiers. Enfin, le thé, les épices, le cacao en contiennent encore davantage.
Les additifs alimentaires
L’aluminium ayant de nombreuses propriétés, les industriels de l’agroalimentaire l’utilisent comme additifs alimentaires, sous différentes formules chimiques : métal (E173), sulfates (E520 à E523), phosphates (E541) ou silicates (E554-555-556-559). Sous ces formes, l’aluminium sert de conservateur dans les charcuteries, de levant dans les gâteaux, d’agent de blanchiment dans les pains et les farines, d’antiagglomérant dans le sel ou les poudres de lait pour bébé, de colorant dans les confiseries, etc…
Pour éviter les additifs à base d’aluminium, une seule solution : lire les étiquettes des aliments avant de les acheter ! Le terme «aluminium» est rarement mentionné, aussi il faut regarder les nomenclatures des additifs.
Pour plus de conseils pratiques sur l’alimentation, téléchargez notre petit guide santé de la Bio-alimentation.
Eau du robinet
Si l’ingestion d’aliments représente 95% des apports quotidiens d’aluminium, le reste est en partie apporté par l’eau du robinet. En effet, l’aluminium peut être naturellement présent dans l’eau de boisson mais aussi provenir du traitement de l’eau pour la rendre potable. Lors du traitement des eaux, des agents floculants à base de sels d’aluminium sont ajoutés, notamment pour éliminer les microorganismes dans l’eau et pour rendre l’eau plus claire et limpide. L’aluminium se lie alors aux particules organiques en suspension et forme des flocons qui s’agglomèrent et se déposent sous l’effet de la gravité. La grande majorité des sels d’aluminium utilisés se retrouvent dans les boues ou terres de décantation, mais il peut en rester dans l’eau du robinet. Le sulfate d’aluminium Al2(SO4)3 et le chlorure d’aluminium AlCl3 sont les floculants les plus répandus parce qu’ils sont efficaces, relativement peu coûteux et que l’on peut se les procurer facilement.
Cependant, toutes les communes n’utilisent pas ce type de traitement. Par exemple, la ville de Paris a substitué l’aluminium par du chlorure ferrique.
La valeur réglementaire de la concentration de l’aluminium dans l’eau est fixée à 0,2 mg/l par la DCE (Directive Cadre Eau) et l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), mais l’eau de certaines communes dépasse parfois cette limite. Pour savoir si les concentrations en aluminium de l’eau de votre robinet respectent les valeurs réglementaires, vous pouvez consulter le site du ministère de la santé en cliquant ici ! Vous accéderez ainsi directement aux principaux résultats du contrôle sanitaire réalisé par les agences régionales de santé dans votre commune.
En 1999, des chercheurs ont suggéré un lien entre l’aluminium dans l’eau et les risques de déclenchement de la maladie d’Alzheimer [4]. Pendant huit ans, une équipe de scientifiques a suivi l’état de santé de près de 4 000 personnes. Cette étude les a menés à la conclusion que le risque de développer la maladie était multiplié par 2 dans les communes où les concentrations d’aluminium étaient supérieures à 100 µg/L, soit deux fois moins que la norme qui est de 200µg/L. Mais ce point de vue a été contesté par l’AFSSA affirmant qu’actuellement, il n’est pas possible de considérer que l’aluminium joue un rôle dans la maladie d’Alzheimer.
Si l’eau du robinet contient de l’aluminium, la substituer par de l’eau en bouteille n’est pas forcément une bonne solution. D’une part les eaux embouteillées peuvent contenir de l’aluminium, d’autre part lorsque ces eaux sont emballées dans du plastique, elles contiennent d’autres polluants.
Les ustensiles de cuisine
L’aluminium est très utilisé dans la fabrication des ustensiles de cuisine car c’est un élément léger et un très bon conducteur de chaleur et d’électricité. Cependant le contact de l’aluminium avec un aliment acide va entraîner une migration de l’aluminium vers les aliments, ceci étant dû à la solubilisation de l’aluminium par l’acidité. Des études ont clairement montré l’augmentation du relargage de l’aluminium lors de la conservation et la cuisson des aliments [5]. Ainsi, à titre d’exemple, 100 g de tomates peuvent renfermer 6,5 mg d’aluminium après avoir été cuits et conservés pendant toute une nuit dans un récipient en aluminium. Après cuisson, 100 g de rhubarbe et d’abricots peuvent en contenir respectivement 4 mg et 7 mg. Les quantités peuvent aller jusqu’à 7 mg pour 100 g d’aliments acides.
Privilégiez donc les ustensiles en acier inoxydable ! Si vous avez des casseroles et poêles en aluminium, changez-les tous les deux ans ou dès que celles-ci sont rayées ou abîmées.
Les emballages et contenants alimentaires
L’aluminium est extrêmement fonctionnel en tant que matière d’emballage alimentaire car il tolère différentes températures. Par conséquent, il convient aussi bien aux aliments qui ont besoin d’être surgelés, grillés ou cuits que ceux simplement conservés au frais. Certains récipients sont suffisamment robustes pour contenir des quantités importantes d’aliments, tout en conservant la légèreté qui caractérise l’aluminium. Ainsi, on retrouve de l’aluminium dans différents types d’emballages alimentaires comme les boîtes de conserve, les canettes de soda et les boites Tetrapak®.
De la même manière que les ustensiles, l’aluminium présent dans les emballages alimentaires peut migrer vers les aliments lorsque ces derniers sont chauffés et s’il s’agit d’aliments acides. Quant aux cannettes de soda, il est important de vérifier la DLUO (Date limite d’utilisation optimale) car plus le liquide reste dans la canette, plus le risque de contamination est élevé.
Préférez donc les emballages et bocaux en verre pour la conservation de vos aliments.
Et les papillotes en feuille d’aluminium ? L’aluminium peut également être relâché dans les aliments cuits en papillotes dans du papier aluminium. L’ajout de citron ou de vin blanc à vos poissons en papillotes est donc à éviter si vous utilisez cet emballage. Ne renoncez pas pour autant à faire cuire vos aliments en papillotes, évitez juste d’utiliser du papier aluminium et remplacez-le tout simplement par du papier sulfurisé !
Encadré sur le lait infantileEn septembre 2010, le Dr Chris Exley de l’université de Keele, en Grande-Bretagne, spécialiste de l’aluminium, a publié une étude [6] sur les laits infantiles en poudre. Pendant un an, 15 laits infantiles consommés en Grande-Bretagne – dont des laits certifiés biologiques – ont été étudiés. Les chercheurs ont relevé des concentrations en aluminium comprises entre 0,4 et 0,63 mg/L, soit 2 à 3 fois plus que la limite dans l’eau du robinet. Dans une autre étude publiée en octobre 2013 [7], Christopher Exley et son équipe ont analysé à 5 reprises 30 préparations pour nourrissons parmi les plus populaires sur le marché britannique. Résultats : toutes contenaient de l’aluminium, les teneurs variant entre 100 et 430 µg/L, soit jusqu’à deux fois supérieur à la valeur réglementaire dans l’eau. D’après Chris Exley, ces concentrations sont bien trop élevées pour la consommation, et notamment pour une population aussi vulnérable que celle des nourrissons. Récemment, une enquête de 60 millions de consommateurs a montré que cette problématique ne concerne pas uniquement les laits vendus de l’autre côté de la Manche. Les experts ont analysé 38 laits infantiles en poudre, de 1er et 2e âge, et 9 laits liquides de croissance achetés dans les rayons des grandes surfaces françaises. Ils ont détecté de l’aluminium dans plus de la moitié des laits 1er âge, des produits censés couvrir les besoins nutritionnels des bébés jusqu’à six mois. Pire, deux échantillons de laits de 2e âge sur trois contenaient de l’aluminium. En revanche, aucune trace d’aluminium n’a été retrouvée dans les laits de croissance destinés aux enfants de 1 à 3 ans. Même si le lait maternel reste un excellent aliment pour le bébé, il y a des cas où une alternative est nécessaire ou souhaitée. Dans cette situation, une mesure simple consiste à placer le lait en poudre dans un bocal en verre afin de limiter la migration de l’aluminium vers le lait. |
Dans les anti-acides et les pansements gastro-intestinaux
Les brûlures d’estomac et les remontées acides font partie des maux du quotidien pour de nombreuses personnes. Pour éliminer ces douleurs, on fait généralement appel à un anti-acide, un médicament vendu sans ordonnance. En France, la consommation d’anti-acides est estimée à 25 comprimés par personne et par an, très souvent par automédication.
Formés de substances basiques, ce médicament va agir localement en neutralisant les acides sécrétés par l’estomac. Les principaux antiacides utilisés sont les hydroxydes de magnésium et/ou des hydroxydes d’aluminium car ces derniers possèdent un caractère basique relativement faible. De plus, les hydroxydes de magnésium et d’aluminium forment une couche gélatineuse qui se dépose sur la muqueuse gastro-intestinale et la protègent de l’acidité.
Certains anti-acides contiennent 400 mg d’hydroxyde d’aluminium par comprimé, la posologie maximale recommandée étant de 12 comprimés par jour. Pour un adulte de 70kg prenant cette dose quotidiennement, le taux d’aluminium absorbé est donc de 480mg par kg et par semaine, soit beaucoup plus que la dose maximale recommandés.
Il existe néanmoins des alternatives à ces anti-acides à l’aluminium. Certains contiennent du bicarbonate de soude (NaHCO3), du carbonate de calcium (CaCO3) ou de l’hydroxyde de magnésium seul (Mg(OH)2). Des mesures simples peuvent également aider à réduire sa consommation d’anti-acides : pratiquer une activité physique par exemple, mais aussi éviter le stress, le tabac, l’alcool, les aliments épicés, et manger et dormir à des heures régulières. Une bonne hygiène de vie est généralement efficace chez la plupart des personnes pour pallier à ces maux du quotidien.
Risques sanitaires dus à l’ingestion d’aluminium
Qu’il s’agissent d’eau, d’aliments ou de médicaments, l’ingestion constitue la principale voie d’exposition d’aluminium. L’intestin est un organe qui stocke une grande partie de l’aluminium ingéré (environ 40% s’accumule dans la muqueuse intestinale). Lors de ce stockage, l’aluminium peut entraîner un stress oxydant et une inflammation intestinale, mais également augmenter la perméabilité intestinale.
Une étude [8] réalisée par des chercheurs de Lille a montré que ces médicaments pouvaient entrainer des inflammations intestinales. En étudiant l’effet de l’aluminium sur la réponse immunitaire in vitro et sur l’inflammation intestinale in vivo, ils ont conclu que l’aluminium pourrait être un facteur d’environnement favorisant le déclenchement et l’entretien de l’inflammation intestinale chez les patients atteints de maladies inflammatoires chroniques intestinales.
La toxicité de l’aluminium dépend de la quantité ingérée mais également de la forme chimique sous laquelle il est absorbé. Les différentes formes de l’aluminium dépendent de l’acidité du milieu. Or, l’aluminium est plus nocif sous sa forme soluble, c’est-à-dire lorsque le milieu est acide. Plus concrètement, si on ajoute du jus de citron dans l’eau, l’absorption de l’aluminium augmentera considérablement, ainsi que sa toxicité.
L’exposition à l’aluminium par voie cutanée
Sources : les cosmétiques
Certains sels d’aluminium sont largement utilisés dans les cosmétiques ; on parle beaucoup de l’aluminium contenu dans les déodorants qui permet de diminuer la quantité de sueur. On en trouve également dans des produits de soin pour visage et corps, dans des produits de maquillage et en tant qu’absorbant dans des masques pour le visage. Nous allons nous pencher plus précisément sur le cas des déodorants anti-transpirants.
L’usage des déodorants pour éliminer les odeurs dues à la transpiration s’est généralisé. Il faut noter que ce n’est pas la sueur en elle-même qui est responsable d’odeurs désagréables mais la dégradation des bactéries qui provoque ces odeurs. A la différence des déodorants classiques qui ne font que masquer l’odeur, les anti-transpirants ont pour rôle de former un bouchon à la surface des canaux sudoripares pour réduire la sueur à la surface de la peau. Or, ces anti-transpirants contiennent souvent des sels d’aluminium tels que le chlorhydrate d’aluminium ou l’aluminium hexachlorhydrate dans des proportions allant jusqu’à 25%, qu’ils soient en spray, flacon à bille ou crème. Aujourd’hui, 3/4 des anti-transpirant contiennent toujours des sels d’aluminium. Outre la présence d’aluminium, les anti-transpirants sont néfastes pour notre santé car leur fonction première est d’empêcher un phénomène normal et nécessaire au bon fonctionnement de notre organisme : la régulation de la température corporelle par la transpiration.
Pour éviter l’exposition à l’aluminium, on se tourne souvent vers la Pierre d’Alun, aux capacités déodorantes réputées naturelles. Mais est-elle vraiment sans danger ? Contrairement aux anti-transpirants classiques, la Pierre d’Alun n’empêche pas la transpiration. En laissant une fine couche saline sur la peau, elle évite la prolifération des bactéries responsables des mauvaises odeurs. Cependant, la pierre d’alun contient bien des sels d’aluminium. Sur le marché, il existe la pierre d’alun naturelle et la pierre d’alun synthétique.
La pierre d’alun naturelle est formée principalement de sulfate d’aluminium et de sulfate de potassium tandis que la pierre d’alun synthétique est fabriquée par les industries chimiques par synthèse de sel d’ammonium. Les pierres d’alun naturelles libèreraient au contact de l’eau des composés chimiquement stables, c’est-à-dire qu’ils ne réagissent pas avec la peau et ne libèrent pas d’aluminium. En revanche, l’ammonium d’alun peut se comporter de la même façon que les chlorhydrates d’aluminium présents dans les autres déodorants, c’est-à-dire qu’il peut passer à travers la barrière cutanée et passer dans le sang. Les pierres d’alun synthétiques seraient donc à éviter.
Pour différencier les deux types de pierre, il suffit de lire attentivement les étiquettes : la pierre d’alun naturelle est identifiée comme « POTASSIUM ALUM » tandis que la pierre d’alun synthétique comme « AMMONIUM ALUM ». Cependant, il faut rester prudent car aucune étude scientifique sur la pierre d’alun naturelle n’a montré son innocuité ou sa toxicité à ce jour.
Risques sanitaires de l’exposition cutanée à l’aluminium
L’utilisation de déodorants anti-transpirants expose à l’aluminium contenu dans ces produits. Une étude [9] a démontré qu’après l’application de déodorant au niveau des aisselles, 0,012% de l’aluminium pénètre dans la peau. Appliqué sur peau saine, l’aluminium est retenu en faible quantité au niveau de la couche supérieure de la peau. En revanche, sur peau lésée, ce qui est le cas des personnes qui se rasent les aisselles régulièrement, la quantité qui pénètre dans l’organisme est multipliée par 6 ! Cela représente des quantités importantes, d’autant plus si on en applique quotidiennement. D’ailleurs, dans un rapport d’octobre 2011, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) a recommandé de ne pas utiliser les produits cosmétiques contenant de l’aluminium sur peau lésée [10].
Mais certains scientifiques et dermatologues vont plus loin et les suspectent même de jouer un rôle dans l’apparition du cancer du sein. En effet, des chercheurs [11] ont montré que la teneur en aluminium chez des patientes atteintes de cancer du sein était plus importante dans les tissus proches de l’aisselle que dans le reste du corps. D’autres études ont mené au même résultat. Parmi elles, une étude [12] américaine de 2003 a suivi 437 femmes atteintes d’un cancer du sein. Celles qui n’avaient jamais utilisé de déodorant ni d’anti-transpirant et qui ne s’étaient jamais rasé les aisselles, avaient un âge moyen de survenue du cancer du sein de 67 ans. Inversement, celles qui avaient largement utilisé des déodorants et des anti-transpirants, tout en se rasant les aisselles, avaient un âge moyen de survenue du cancer du sein de 59 ans, soit 8 années plus tôt ! Cependant, le lien de causalité entre l’aluminium et l’apparition d’un cancer du sein reste à démontrer.
Une autre étude menée par l’équipe de Stefano Mandriota et André-Pascal Sappino en 2012 [13] a montré qu’ajouter de l’aluminium à des cellules mammaires en culture (à des concentrations 100 000 fois plus basses que dans les antitranspirants) entraînait des cassures d’ADN, des mutations génétiques et une capacité infinie de division cellulaire. Ce dernier phénomène est notamment retrouvé dans les cancers, où les cellules tumorales peuvent de se diviser indéfiniment.
Dans une deuxième étude datant de 2016 [14], cette même équipe s’est attachée à étudier le rôle de l’aluminium in vivo. Les cellules transformées par l’aluminium ont été injectées en sous-cutané chez des souris, provoquant le développement de tumeurs et de métastases, alors que des cellules non traitées n’entraînaient pas la formation de tumeurs. «Nos travaux ont démontré pour la première fois que les sels d’aluminium ont des propriétés mutagènes et peuvent induire dans les cellules de la glande mammaire des altérations conduisant à la formation de tumeurs et de métastases.», concluent les auteurs de l’étude.
Pour aller plus loin, consultez notre petit guide santé de la beauté.
L’exposition à l’aluminium par voie intramusculaire : le cas des vaccins
S’il y a bien un sujet dont la polémique fait rage, c’est bien celui de la présence d’aluminium dans les vaccins comme adjuvant.
A quoi sert un adjuvant dans un vaccin ? Le vaccin remplit son rôle lorsqu’il «apprend» au système immunitaire à reconnaître un microorganisme à combattre. Lors d’une vaccination, des fragments de ce microorganisme, ou le microorganisme inactivé, est injecté et arrive dans l’organisme. Le système immunitaire de l’hôte perçoit ces molécules étrangères et déclenche une cascade de signalisation permettant de les combattre. Par la suite, une réexposition à ce même microorganisme entraînera une réponse beaucoup plus importante et rapide, permettant ainsi d’éliminer des microorganismes pathogènes avant qu’ils aient eu le temps de faire des dégâts. Mais alors, cet adjuvant ? Eh bien il sert tout simplement à déclencher une réaction inflammatoire légère qui va augmenter la réponse immunitaire et donc améliorer l’efficacité du vaccin. Cela permet aussi de fabriquer davantage de vaccins avec la même souche vaccinale.
Les sels d’aluminium sont utilisés depuis 1926, initialement dans un vaccin contre le tétanos. Par la suite, ils ont été utilisés dans de nombreux vaccins, notamment contre les hépatites A et B, et les vaccins diphtériques et tétaniques. Ils sont en effet efficaces pour induire cette réaction immunitaire. Selon l’AFSSAPS, l’hydroxyde d’aluminium est l’adjuvant le plus fréquemment utilisé dans les vaccins grippaux saisonniers dans le monde entier.
La première vaccination contre la poliomyélite a été réalisée en 1952. Comme pour la diphtérie ou le tétanos, il existait un choix entre les vaccins contenant de l’aluminium et les vaccins contenant du phosphate de calcium, un composant inoffensif pour le corps humain. A partir de 1970, l’institut Pasteur décide de produire ces derniers à grande échelle. Mais en 1984, l’institut fusionne avec l’institut Mérieux. La nouvelle direction alors stoppe la production de ces vaccins sans aluminium pour les remplacer par des vaccins avec de l’aluminium.
Le Vaccin DTPolio® (Diphtérie-Tétanos-Poliomyélite) de Sanofi Pasteur MSD était le seul à répondre à l’obligation vaccinale et à ne pas contenir d’adjuvant aluminique. Or, depuis 2008, la commercialisation de ce vaccin a été suspendue suite à une augmentation de notifications de manifestations allergiques observés 24h après la vaccination, même si le vaccin était utilisé depuis des années.
Mise en cause de l’aluminium des vaccins dans la santé
La présence d’adjuvant aluminique dans les vaccins est source de controverse. L’aluminium a notamment été mis en cause dans une pathologie spécifique, la myofasciite à macrophages (MFM). Cette maladie, découverte dans les années 1990, se caractérise par une lésion dans laquelle on retrouve des sels d’aluminium, cette lésion étant observée au site d’une vaccination antérieure. On lui associe également d’autres symptômes, tels qu’une fatigue chronique, des douleurs articulaires, un essoufflement et certaines atteintes mémorielles. La MFM tire son nom de la présence des macrophages (des cellules du système immunitaire) au niveau de la lésion.
En 2000, l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) a réalisé une étude épidémiologique sur la MFM [15]. Des informations chez les patients souffrant de cette affection ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire reprenant des éléments d’ordre démographique, clinique et biologique, les antécédents médicaux personnels et familiaux, les traitements et vaccinations reçus, ainsi que des éléments liés à des expositions notamment professionnelles et environnementales. Si le lien entre vaccination et présence d’une lésion a bien été établi, il n’y a pas eu de conclusion certaine entre le développement de la maladie avec ses différents symptômes et la vaccination. Cependant l’InVS a ensuite alerté l’Organisation Mondiale de la Santé et l’AFSSAPS de ce problème de pharmacovigilance.
Pour plus d’informations sur cette maladie, vous pouvez contacter l’Association « Entraide aux Malades de la Myofasciite à Macrophages » (E3M), créée en Mai 2001. Elle regroupe des personnes atteintes de Myofasciite à Macrophages, ainsi que des membres de leur famille.
En mars 2012, certains députés ont réclamé la mise en place d’un moratoire sur les vaccins aluminiques et la recherche de nouveaux adjuvants qui pourraient, à terme, remplacer l’alumine. Parmi eux, Olivier Jardé a déclaré que compte tenu des résultats d’un certain nombre d’études réalisées sur la migration de l’aluminium, il semble qu’un moratoire sur l’alumine soit nécessaire en attendant de recueillir davantage de données scientifiques sur ses conséquences éventuelles, en particulier dans les cas de vaccinations d’enfants en bas âge et de vaccinations répétées. Les députés estiment aussi que, sur chaque boîte de vaccins, la présence d’aluminium devrait être clairement indiquée aux médecins comme aux patients.
Le député socialiste Gérard Bapt, propose plutôt une autre solution : qu’une version sans aluminium pour chaque vaccin obligatoire soit disponible. La députée écologiste Anny Poursinoff, plus radicale, serait favorable à une interdiction plutôt qu’à un moratoire.
Ces demandes n’ont pour l’instant pas abouti.
Le vaccin DTPolio ne contenant pas d’aluminium est toujours autorisé, sa non-utilisation vient uniquement du fait que sa fabrication est arrêtée. Les médecins de l’ASEF souhaitent la relance de la production afin que le patient ait le choix entre des vaccins avec ou sans aluminium.
Il faut aussi noter que tous les vaccins ne contiennent pas d’aluminium, en particulier les vaccins anti-grippaux et les vaccins ROR (rougeole oreillons rubéole).
Rappelons aussi que la controverse sur l’aluminium dans les vaccins ne doit pas empêcher la vaccination. La grippe ou le tétanos peuvent être mortels, la poliomyélite laisser de graves séquelles.
Conclusion
Que ce soit à travers notre alimentation, nos cosmétiques ou l’eau que nous buvons, sans le savoir, nous absorbons de plus en plus d’aluminium. Pourtant, comme nous venons de le voir, ce métal est d’une part inutile à notre organisme et d’autre part potentiellement dangereux pour la santé. Il est impossible d’éviter toute exposition mais il est néanmoins possible de la limiter. Voici un petit rappel des bons gestes anti-aluminium à adopter :
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En résumé…
Voie d’exposition | Produits impliqués | Risques sanitaires | Solutions/alternatives |
ingestion | aliments de base | aucun risque, exposition infime | |
additifs alimentaires |
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Eviter les additifs suivants : E173, E520 à 523, E541, E554 à E556, E559 |
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eau du robinet | Vérifier la teneur en aluminium de l’eau de la commune | ||
ustensiles de cuisine |
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emballages et contenants |
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médicaments anti-acides |
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cutanée | cosmétiques |
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intra-musculaire | vaccins |
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Attention : la vaccination reste un geste important en terme de santé |
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Références bibliographiques :
[1] Kruger PC, Schell LM, Stark AD, Parsons PJ. A study of the distribution of aluminium in human placental tissues based on alkaline solubilization with determination by electrothermal atomic absorption spectrometry. Met Integr Biometal Sci 2010; 2:621–627.
[2] EFSA. Avis du groupe scientifique sur les additifs alimentaires, les arômes, les auxiliaires technologiques et les matériaux en contact avec les aliments 2008.
[3] Alfrey AC, LeGendre GR, Kaehny WD. The dialysis encephalopathy syndrome. Possible aluminum intoxication. N Engl J Med 1976; 294:184–188.
[4] Rondeau V, Commenges D, Jacqmin-Gadda H, Dartigues JF. Relation between aluminum concentrations in drinking water and Alzheimer’s disease: an 8-year follow-up study. Am J Epidemiol 2000; 152:59–66.
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[7] Chuchu N, Patel B, Sebastian B, Exley C. The aluminium content of infant formulas remains too high. BMC Pediatr 2013; 13:162.
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[9] Flarend R, Bin T, Elmore D, Hem SL. A preliminary study of the dermal absorption of aluminium from antiperspirants using aluminium-26. Food Chem Toxicol Int J Publ Br Ind Biol Res Assoc 2001; 39:163–168.
[10] AFSSAPS. Évaluation du risque lié à l’utilisation de l’aluminium dans les produits cosmétiques n.d.
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