Le débrief de l'ASEF du 29 juin 2017

Bonjour à tous,

Il s’est passé beaucoup de choses à l’ASEF la semaine dernière ! Le Dr Lefèvre a participé à une conférence sur les résidus médicamenteux dans l’eau et la médecine de ville, vous pourrez retrouver son intervention sur le site de l’ASEF.

Nous avons également dit au revoir à Mathilde, notre assistante de communication. Nous lui souhaitons bonne chance pour la suite !

Ce débrief sera également le dernier jusqu’à la rentrée ! Bon été à tous !

Et sinon, quelles nouvelles cette semaine ?

Un appel international concernant le triclosan

Le 20 juin, plus de 200 scientifiques et professionnels de santé ont signé un appel international concernant le triclosan et un composé proche, le triclocarban. Pour rappel, le triclosan est un biocide très utilisé depuis les années 1970 pour ses propriétés antimicrobiennes. On le retrouve notamment dans de très nombreux cosmétiques, particulièrement le dentifrice, mais aussi dans plusieurs objets du quotidien : des ustensiles de cuisine, des jouets ou des vêtements.

Mais son utilisation est discutée depuis plusieurs années à cause de ses potentiels effets sanitaires et environnementaux. Les Etats-Unis ont d’ailleurs interdit le triclosan depuis 2009 dans les savons à cause de son absence de bénéfice par rapport à un savon n’en contenant pas. En France et en Europe, il est interdit uniquement dans les produits de rasage, à cause des microcoupures potentielles et du risque accru de pénétration dans l’organisme.

Basé sur une vaste recherche évaluée par des scientifiques, cette déclaration internationale publiée dans le journal Environmental Health Perspectives conclut que le triclosan et le triclocarban sont des perturbateurs endocriniens persistants dans l’environnement, qui se bioaccumulent et sont toxiques pour les organismes notamment aquatiques. Il existe également une évidence d’autres risques pour les humains et les écosystèmes. Ces antimicrobiens ne devraient être utilisés que lorsqu’ils présentent un bénéfice évident, et cet appel réclame une meilleure transparence dans la formulation des produits et l’impact sanitaire et écologique à long terme.

Vous pouvez retrouver une synthèse sur le triclosan et le résumé de l’appel de Florence ainsi que la déclaration en intégralité sur le site de l’ASEF.

Lettre aux ministères concernant la position française sur les perturbateurs endocriniens

Les perturbateurs endocriniens sont au centre de l’actualité depuis plusieurs mois ; il s’agit de substances altérant le système hormonal et pouvant agir à des doses minimes. Davantage que le composé lui-même, c’est l’association de plusieurs substances qui en potentialise les effets (effet cocktail). On les rend notamment responsables de prématurité, de malformations congénitales et de troubles de la reproduction, mais également de cancers et de maladies métaboliques.

Avec deux autres associations, (AMLP : alerte des médecins sur les pesticides et AMSES : association médicale pour la sauvegarde de l’environnement et de la santé), l’ASEF a rédigé un courrier à destination des ministres de la santé et de la transition écologique afin de clarifier la position française sur les perturbateurs endocriniens. Pour rappel, l’Union Européenne est pour l’instant incapable d’établir une définition claire des perturbateurs endocriniens, tiraillée entre les positions scientifiques et économiques.

La question des perturbateurs endocriniens au sein de l’Union Européenne est complexe. En 1999, une stratégie communautaire a été établie, demandant l’évaluation d’une liste prioritaire de molécules et l’identification de substances problématiques. En 2013, le parlement européen a adopté une résolution pour réduire l’exposition (principe de précaution et considération d’une toxicité sans seuil) ; pour l’instant cette résolution n’a pas abouti. En 2013 et en 2015, la Commission Européenne a refusé de légiférer sur le sujet avant d’avoir les résultats d’une étude d’impact. En décembre 2015, cette Commission a été condamnée par le tribunal de l’UE pour violation de ses obligations sur la question des perturbateurs endocriniens (retard dans la définition officielle). En 2016, l’Europe a proposé une définition des PE avec des nombreuses dérogations ; l’avis scientifique était que cette définition était beaucoup trop stricte (quasi impossibilité de définir une substance comme perturbateur endocrinien à cause du niveau de preuve demandé ; pas de gradation ; absence de modèles et protocoles ; limitation des effets néfastes aux cancérogènes et reprotoxiques). En février 2017, la Commission Européenne a une nouvelle fois annulé le vote sur les critères d’identification des perturbateurs. La France, le Danemark et la Suède ont notamment refusé de voter la proposition, alors que l’Allemagne souhaite assouplir encore davantage la définition de ces composés.

La question est en débat au sein de l’Europe jusqu’au 4 juillet, date d’une nouvelle mise au vote à Bruxelles. C’est dans ce cadre que l’ASEF, l’AMLP et l’AMSES ont envoyé une lettre aux ministères afin de faire part de leur inquiétude et de comprendre la position de la France sur le sujet.

Vous pouvez retrouver cette lettre sur le site de l’ASEF.

 

 

 

A jeudi prochain et d’ici là portez-vous bien !

Le Club des 11 de l’ASEF