Les brèves de l'ASEF du 11 octobre 2018

Bonjour à toutes et à tous,

Avant de vous parler de l’actualité, faisons un petit point sur l’intervention de l’ASEF, le 04 octobre, à la mairie d’Arcueil, dans le cadre de l’exposition sur les Perturbateurs Endocriniens.

Dans un premier temps, Dr Souvet a sensibilisé les agents de la mairie volontaires, sur les PE. Ils se sont montrés très enthousiastes et intéressés malgré la thématique anxiogène.

Une chasse aux PE a été organisée pour permettre aux personnes de trouver les produits de notre quotidien susceptibles d’en contenir.

Le soir, nous avons assisté au vernissage de l’exposition aux côtés de l’adjointe au maire à la santé, Carine Delahaie, au cours duquel nous avons pu échanger avec les Arcueillais(es) et les élus présents.

L’exposition se tient dans le Hall de l’Hôtel de Ville jusqu’au 24 octobre. Un mémo, rencontrant un franc succès,  y est distribué. Il contient la fiche de conseils pour éviter les PE,  élaborée par l’URPS ML PACA (Union Régionale de Professionnels de Santé Médecins Libéraux de la région PACA) et l’ASEF. Cette fiche commence, d’ailleurs, à être diffusée dans  plusieurs URPS de France.

Voici les dernières actualités à retenir

1/ Pollution de l’air et cerveau :

Plusieurs études mettent l’accent sur le lien entre pollution de l’air et fonctions cognitives, que ce soit chez l’enfant ou, plus tard, chez l’adulte.

  • Une première étude de M Careydans BMJ Open (juin 2018)[1] montre un lien significatif entre la pollution de l’air par l’oxyde d’azote (NO2) et les PM2.5 d’une part; la survenue d’une démence liée à l’âge d’autre part, maladie d’Alzheimer ou, plus rarement, démence d’origine vasculaire.
    On ne retrouve pas, par contre, d’augmentation significative de ce risque avec la concentration d’ozone dans l’air ambiant.
  • On retrouve la même problématique dans l’article de Chen Peng (Environmental Health Perspectives, septembre 2018)[2], étudiant le lien entre la naissance près de grandes voies de circulation, zones à atmosphère polluée, et l’apparition de troubles cognitifs dans l’enfance. Les auteurs montrent que la vie dès la naissance près d’un axe routier est associée à une méthylation plus importante dans le sang du cordon au niveau du gène LAMB2, gène connu pour influencer le développement axonal, et à une diminution du score cognitif entre 7 et 11 ans.
    Il est donc intéressant de constater que cette méthylation, mécanisme épigénétique freinant l’expression du gène, semble donc pouvoir jouer un rôle dans l’apparition de troubles cognitifs chez l’enfant.

Ces 2 études interpellent donc, soulignant le rôle que peut jouer la pollution de l’air aux 2 extrémités de la vie.

2/ Intérêt d’un registre des malformations congénitales

Au moment où l’existence du registre REMERA (Registre des Malformations En Rhône-Alpes) est remise en cause par la Région Rhône-Alpes, ce registre, qui a une double mission de Santé Publique (détection, recensement, étude et description des malformations congénitale, information) et de recherche (Étiologies, facteurs de risque) vient de montrer son efficacité ; il a mis en évidence la survenue d’anomalies réductionnelles d’un membre chez des enfants nés dans l’Ain entre 2009 et 2014 : 7 cas signalés soit un taux observé 58 fois plus important que celui attendu ( environ 1,8 naissances / 10.000, 1,2 à 1,9 naissances/10.000en région Rhone-Alpes).
De plus des cas d’agénésie d’un membre supérieur de ce type ont été signalés en Loire Atlantique et dans les Pays de Loire, rapprochés dans le temps.
L’étiologie habituelle de ces malformations, bride amniotique ou choriocentèse, hypotension maternelle avec perte de connaissance, hyperthermie ou anémie maternelles n’ont pas été retrouvées, de même que la prise de médicaments tératogènes. On ne peut donc éliminer une influence environnementale dans ces zones rurales, influence qui semble intéressante à approfondir.
Santé Publique France dans son rapport d’octobre 2018 [3] sur « Les anomalies congénitales liées aux expositions médicamenteuses et environnementales » conclut à la nécessité d’envisager « la consolidation des registres des malformations congénitales » à moyen et long terme et de renforcer à court terme les dispositifs, dont les registres, et les institutions existantes « en leur accordant plus de moyens ».
On comprend donc mal pourquoi la Région Rhône-Alpes a annoncé qu’elle mettait fin à sa contribution annuelle de 100.000 euros et l’INSERM faisait de même quant à son financement de 23.000 euros (Le Monde 16/09/2018), action qui mettent en péril l’existence même de ce registre!

L’ASEF ne peut que s’associer à tous les professionnels de santé du Centre Pluridisciplinaire de Diagnostic Prénatal de Lyon-Bron qui, le 28 août 2018 ont adressé un courrier au Directeur Général de la Santé pour s’insurger contre cette menace.

Nous avons d’ailleurs co-signé la lettre ouverte de l’association SERA (Santé Environnement Rhône Alpes) et de WECF France (Women Engage for a Common Futur) adressée à Monsieur le Préfet de région Auvergne-Rhône-Alpes Stéphane Bouillon, Monsieur le Directeur de l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes Jean-Yves Grall et Monsieur le Président du Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, demandant à l’ANSES ((Agence Nationale de Sécurité Sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail) d’étudier un éventuel lien entre ces malformations chez ces enfants et l’utilisation de pesticides par les agriculteurs de ces territoires ruraux . Cette lettre alerte également sur la menace de cessation d’activités faute de subventions de REMERA Rhône Alpes.

3/ Lien entre pesticides et cancers pédiatriques

L’article du « Journal de l’environnement « , du 5 octobre 2018 [4], rapporte que l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail), lors d’un colloque le mardi 2 octobre, a révélé des travaux présentant  un lien entre pesticides (en particulier les insecticides) et cancers pédiatriques.
L’usage domestique de pesticides est corrélé à un risque accru de 26% de tumeurs cérébrales (18 études incluses), ainsi qu’à un risque accru de 57% de leucémies  (15 études incluses). Mais, Geneviève Van Maele-Fabry, professeur de revues systématiques et de méta-analyses à l’université catholique de Louvain (Belgique) tempère: «il ne s’agit là que de résultats d’association. Nous ne pouvons pas conclure à un lien de causalité entre l’usage de ces produits et les cancers pédiatriques».

Prudence est mère de sûreté… débarrassez-vous de vos insecticides!

A bientôt pour les prochaines brèves, d’ici là portez-vous bien !

Le Club des 11 de l’ASEF

SOURCES

[1] Carey IMAnderson HRAtkinson RW, et al « Are noise and air pollution related to the incidence of dementia? A cohort study in London, England » https://bmjopen.bmj.com/content/bmjopen/8/9/e022404.full.pdf

[2] Residential Proximity to Major Roadways at Birth, DNA Methylation at Birth and Midchildhood, and Childhood Cognitive Test Scores: Project Viva(Massachusetts, USA), Cheng Peng, Martijn den Dekker, Andres Cardenas et al. , Septembre 2018

[3] Santé Publique France,  « Anomalies congénitales liées aux expositions médicamenteuses et environnementales », Octobre 2018 http://invs.santepubliquefrance.fr/Publications-et-outils/Rapports-et-syntheses/Maladies-chroniques-et-traumatismes/2018/Anomalies-congenitales-liees-aux-expositions-medicamenteuses-et-environnementales

[4] »Pesticides domestiques: un lien établi avec les cancers pédiatriques », 05 octobre 2018, Romain Loury http://www.journaldelenvironnement.net/article/pesticides-domestiques-un-lien-etabli-avec-les-cancers-pediatriques,94009