Les brèves de l'ASEF du 08 novembre 2018
Bonjour à toutes et à tous,
Pour commencer ces brèves, nous allons revenir sur les rapports de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur la pollution de l’air et celui du NTP (National Toxicology Program) sur les ondes électromagnétiques.
Nos enfants empoisonnésLe 29 octobre dernier, l’OMS tirait la sonnette d’alarme quant à la pollution de l’air subie par les enfants : « 600 000 enfants sont décédés d’infections aiguës des voies respiratoires inférieures dues à la pollution de l’air», « 93% des enfants de moins de 15 ans dans le monde (soit 1,8 milliard d’enfants) respirent un air si pollué que leur santé et leur développement sont gravement mis en danger ». Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, s’insurge : «La pollution de l’air empoisonne des millions d’enfants et détruit leur vie […] C’est inexcusable. Chaque enfant doit être en mesure de respirer un air non pollué de façon à pouvoir grandir et s’épanouir pleinement». L’OMS confirme que les femmes enceintes exposées à un air pollué sont plus menacées par un accouchement prématuré et par un faible poids de naissance de leur nouveau-né. Par ailleurs, des troubles du développement neurologique et des capacités cognitives, l’asthme, certains cancers de l’enfant ainsi qu’un risque élevé de maladies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires (au cours de leur vie) pourraient être imputables à cette pollution invisible pour les enfants exposés à des niveaux élevés de particules fines. Les raisons: les enfants respirent plus rapidement que les adultes donc absorbent plus de polluants. Par leur petite taille, ils sont plus proches du sol, où se concentrent certains polluants. Ils sont plus sensibles à la pollution de l’air intérieur. Tout cela à une période cruciale du développement du cerveau et du corps. [1] Du mieux mais encore des efforts à fournir !Dans son bilan national de la qualité de l’air pour 2017 du 26 octobre dernier, le ministère de la transition écologique et solidaire souligne une tendance globale à l’amélioration depuis 2000. Rappelons que la France est renvoyée devant la Cour de Justice de l’UE pour le non-respect des normes de qualité de l’air, que le coût de la pollution de l’air a été estimé à 101,3 milliards d’euros par an (rapport du Sénat de 2015), et que la pollution atmosphérique représente la troisième cause de mortalité évitable dans notre pays. Alors que le gazole, responsable d’émissions très nocives, représente environ 80% des carburants utilisés en France, des médecins (dont l’ASEF, Thomas Bourdrel du collectif Strasbourg Respire…) et chercheurs vont exposer, lors d’une réunion au ministère de la Transition écologique et solidaire le 9 novembre 2018, des propositions viables permettant à la France de respecter ses engagements sur le climat et sur la pollution de l’air. Par exemple, exclure le diesel des conditions d’attribution de la prime à la conversion ou encore déclasser de Crit’air les véhicules à moteur diesel. L’exposition à des degrés élevés d’ondes électromagnétiques associée à des cancers chez des râts mâlesLe Programme National de Toxicologie américain, le NTP (National Toxicology Program), a rendu public le 1er novembre 2018 son rapport final sur l’étude de l’exposition des rats et des souris à des ondes électromagnétiques telles que la 2G ou la 3G. L’étude, qui a débuté il y a 10 ans, est, à ce jour, la plus complète sur les liens entre l’exposition aux ondes électromagnétiques et les effets sanitaires sur l’animal. Ses conclusions : les rats mâles, exposés à ces ondes 2G et 3G, sont plus sujets à développer des tumeurs au niveau du cœur et même des tumeurs cérébrales et des glandes surrénales, que les rates ou les souris. Ces résultats ne peuvent cependant pas être transposés à l’être humain utilisant un téléphone portable sachant que les degrés d’exposition des rongeurs étaient beaucoup plus élevés que les limites requises pour l’Homme et que le corps entier de ces rats et souris a été exposé. Néanmoins, nous pouvons nous poser la question du développement de la 5G, ondes qui pénètrent plus profondément dans les tissus vivants. [2] Réponse au ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, sur la nocivité des pesticidesDr Souvet, cardiologue et Président de l’ASEF, a co-signé avec d’autres médecins et scientifiques, la tribune publiée le 29 octobre dans le journal « Le Monde » en réponse à M. Guillaume demandant de démontrer les effets sanitaires des pesticides. Or, « si l’on s’en tient à la loi, ce n’est pas aux scientifiques d’apporter la preuve de la toxicité des pesticides, mais bien aux industriels de démontrer l’absence de nocivité de leurs produits ». Concernant les cas d’agénésies transverses des membres supérieurs, le collectif demande au ministre qu’ « un travail d’analyse épidémiologique et d’exposition doit être réalisé sans tarder ». Le nombre d’études à ce sujet sont tellement nombreuses « qu’il n’est plus nécessaire d’invoquer le principe de précaution mais celui de prévention ». Comme nous l’avons vu dans nos dernières brèves, l’Inserm confirme dans son dernier rapport « un lien fort entre l’exposition aux pesticides et le développement de nombreux cancers chez les professionnels qui les manipulent ». Les effets sur le fœtus et l’enfant en bas âge ont aussi été rapportés. Ils rappellent également les effets des pesticides sur tout l’écosystème et la biodiversité avec la disparition d’insectes, entre autres, et interpellent M. Guillaume : « vous n’êtes pas sans savoir que beaucoup de ces pesticides imprégnant la population sont également des perturbateurs endocriniens, et que ce n’est pas leur dose qui fait leur toxicité mais le moment (notamment la grossesse) et la durée d’exposition. » Face au scepticisme du ministre de l’agriculture sur ce sujet, le collectif de médecins et de scientifiques a promis d’envoyer chaque mois une étude scientifique sur les effets délétères des pesticides sur notre santé et demande à M. Guillaume : « de respecter le principe de précaution et de placer l’intérêt public – la recherche mais aussi la santé – avant celui des industriels ». [3] On pourrait rappeler à M.Guillaume le scandale du Chlordécone aux Antilles, pesticide, polluant organique persistant, reconnu comme cancérigène probable par l’OMS en 1979, mais qui a continué d’être utilisé jusqu’en 1993 en Guadeloupe et en Martinique. Les multiples alertes lancées par des médecins, chercheurs, sur la base d’études scientifiques aux différents gouvernements n’ont pas été prises suffisamment au sérieux. Les Antillais ont le sentiment amer d’avoir été empoisonnés. Le principe de précaution est d’autant plus important car les perturbateurs endocriniens ne répondent pas à la toxicologie classique et que l’effet cocktail est encore peu reconnu. |
Avant de clore ces brèves, faisons un retour sur nos actions. Jean Lefèvre, cardiologue et porte-parole de l’ASEF, a été interviewé le 31 octobre en direct pour la radio dialogue RCF à Marseille, afin de présenter l’exposition sur les perturbateurs endocriniens à Carry-Le Rouet qui aura lieu ce soir le 8 novembre.
Le planning des prochains jours sera dense puisque les 10 et 11 novembre, Dr Menat, médecin généraliste et président de l’ASESO (Association Santé Environnement Sud Ouest) et Dr Souvet interviendront au congrès « Passerelles pour la Vie – Le cerveau », à Toulouse Labège, sur le «cerveau et environnement : notre intelligence en danger ». Notre partenaire, le laboratoire Nutergia, y sera présent.
Le 13 novembre, Dr Fabienne Garçon, dermatologue et membre de l’ASEF, et Nastassja, chargée de mission, tiendront un stand pour une journée de prévention « j’aime ma santé » au Centre Hospitalier d’Arles.
Le 14 novembre, Dr Souvet interviendra à une soirée, à Saint Apollinaire en Côte d’Or, auprès du Conseil de l’Ordre des sages-femmes, pour les sensibiliser à la contamination chimique lors de la grossesse et de l’allaitement.
Le lendemain, le 15 novembre, il sera au colloque scientifique « les pollutions de la santé » du Groupe Pasteur Mutualité, à la Maison de la Chimie à Paris. Le même jour l’ASEF sera auditionnée par la députée de Loire Atlantique, Sandrine Josso, dans le cadre d’un groupe d’études sur l’ « impact des changements climatiques » et nous rencontrerons M. Jourjon, nouveau Conseiller Santé, Environnement et Risque auprès du Ministre d’Etat de la Transition Ecologique et Solidaire, pour évoquer les dossiers de santé environnementale en cours (qualité de l’air, pesticides, PE…).
A bientôt pour les prochaines brèves, d’ici là portez-vous bien !
Le Club des 11 de l’ASEF
SOURCES
[1] Communiqué de presse OMS [en ligne] « Plus de 90% des enfants dans le monde respirent chaque jour un air pollué », 29 octobre 2018, http://www.who.int/fr/news-room/detail/29-10-2018-more-than-90-of-the-world%E2%80%99s-children-breathe-toxic-air-every-day
[2] ] Communiqué de presse [en ligne] National Toxicology Program (NTP) “High Exposure to Radio Frequency Radiation Associated With Cancer in Male Rats”, 01 novembre 2018, https://www.niehs.nih.gov/news/newsroom/releases/2018/november1/index.cfm
[3] PDF Tribune Le Monde (à consulter ci-dessus), collectif, « Notre proposition, Monsieur le Ministre, pour évaluer la toxicité des pesticides », 29 octobre 2018