Les brèves de l'ASEF du 21 mars 2019
Bonjour à toutes et à tous,
Au menu de ces brèves : nous parlerons des nouveaux chiffres accablants sur la pollution de l’air en France et du fléau de la pollution au plastique sur la biodiversité mais aussi sur notre santé. Bonne lecture !
Pollution de l’air aux microparticules en France : 67 000 morts par an et non plus 48 000 ! Par Dr Souvet
Une nouvelle étude publié sur l’European Heart Journal, le 12 mars 2019 [1], par une équipe de chercheurs allemands estime à 67 000 la surmortalité en France due à la pollution atmosphérique ; ces chiffres sont plus importants que les chiffres donnés précédemment, à savoir 48 000 morts dus aux particules fines (chiffre Santé Publique France).
On comptabiliserait 790 000 morts dus à la pollution en Europe, soit une baisse de l’espérance de vie de 2.2 ans en moyenne.
La contribution la plus importante à cette surmortalité des maladies cardio-vasculaires est la plus importante (40 à 80%).
European Heart Journal, mars 2019
COPD: chronic obstructive pulmonary disease
La pollution serait responsable de 15 à 28% des maladies cardio-vasculaires.
L’exposition aux particules fines et ultrafines issues des phénomènes de combustion provoque un stress oxydatif, la dysfonction endothéliale, qui vont favoriser l’apparition de coronaropathies et d’accidents vasculaires cérébraux.
Le projet ESCAPE (qui a étudié pendant 4 années les effets à long terme de l’exposition à la pollution sur notre santé) a permis d’établir une augmentation de 13% du nombre d’événements coronariens aigus non mortels résultant de l’exposition à long terme aux PM 2,5 à une élévation de 5 µg / m 3.
Mais les oxydes d’azote et l’ozone sont aussi associés à une surmortalité; l’ozone qui va être en période de chaleur à nouveau médiatisée restant pourtant le moins agressif sur le plan santé (toxicité essentiellement respiratoire; surmortalité estimée à 1 700 morts en France).
Le rapport spécial de la cour des comptes européenne indique que «les citoyens européens respirent toujours de l’air nocif, principalement en raison de la faiblesse de la législation et de la mise en œuvre médiocre des politiques».
Voyons au niveau européen et dans certains pays quelles sont les recommandations de qualité de l’air pour les PM 2.5.
La limite annuelle moyenne de qualité de l’air fixée par l’Union Européenne (UE) est de 25 µg / m 3 depuis 2015, soit 2,5 fois la concentration recommandée par l’OMS. Aux États-Unis, la limite moyenne annuelle est de 12 µg / m 3 (depuis 2012) et de 10 µg / m 3 au Canada, depuis 2015 (ce chiffre devrait être ramené à 8,8 µg / m 3 en 2020). En Australie, elle est de 8 µg / m 3, l’objectif étant de le réduire à 7 µg / m 3 en 2025.
L’UE a fixé une réduction de l’exposition objectifs pour 2020, associés à un niveau annuel de PM 2,5 de 20 µg / m 3. Bien au-dessus des valeurs fixées par les pays ci-dessus. Des efforts sont encore attendus !
La pollution de l’air est bien un facteur de risque essentiel. Tokyo a montré que des mesures fortes sont efficaces : en réduisant la pollution particulaire (interdiction du diesel) de 44%, la mortalité cardiaque a été réduite de 11%, la mortalité par AVC de 22% ce qui laisse imaginer le gain possible en morbidité !
Conclusion des chercheurs : « En remplaçant les sources d’énergie fossiles par des carburants propres et renouvelables, nécessaires pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris sur le changement climatique, le taux de mortalité attribuable en Europe pourrait être réduit de 55%. Des réductions supplémentaires sont possibles en contrôlant en outre d’autres sources de pollution industrielles et agricoles ».
Le plastique rime avec toxique
Le rapport du WWF, sorti le 5 mars dernier, « POLLUTION PLASTIQUE : À QUI LA FAUTE ? », alerte sur les conséquences de la pollution au plastique qui ne cessera d’augmenter si on se réfère à leurs chiffres : 310 millions de tonnes de déchets plastiques générées en 2016. D’ici 2030, la production mondiale de déchets plastiques pourrait augmenter de 41 %.
Les émissions de CO2 résultant du cycle de vie du plastique devraient augmenter de 50% tandis que celles issues de l’incinération de plastiques devraient tripler d’ici 2030.
La France fait partie des plus gros consommateurs de matières plastiques et est l’un des pires élèves européens en matière de recyclage du plastique (seulement 21%). [2]
Nous allons nous focaliser sur les effets néfastes de cette pollution sur notre santé.
En effet, la santé humaine est en danger à travers l’ingestion de microplastiques, la contamination des milieux naturels et les conséquences sanitaires de l’incinération.
Comme nous l’avions vu dans la revue Que Choisir (mensuel septembre 2018) la consommation de fruits de mer, en particulier des crustacés, des moules et des huîtres et même du sel nous exposent à cette ingestion de microplastiques. D’après une étude récente, l’eau embouteillée a révélé une contamination microplastique dans 93 % des bouteilles, provenant de 11 marques différentes réparties dans neuf pays. [3]
De plus, se pose la question de la consommation de l’eau du robinet : les usines de traitement des eaux usées ne peuvent en effet pas éliminer toutes les particules de plastique avant qu’elles ne soient rejetées dans l’environnement [4] ou les systèmes d’eau municipaux [5].
Toujours dans le rapport du WWF : « le plastique rejeté dans l’environnement absorbe de grandes quantités de contaminants organiques, ce qui le rend potentiellement très toxique lorsqu’il est ingéré » [6].
Pour rappel : Nous vous conseillons de ne pas chauffer les plastiques car ils accentuent le passage vers l’aliment, qui se fait déjà à froid. Privilégiez les contenants en verre le plus possible ainsi que les conserves en verre. Voici également la carte mémo des plastiques à éviter et ceux à privilégier, co-éditée avec l’URPS ML PACA (Union régionale des professionnels de santé médecins libéraux région PACA).
Enfin, si vous voulez déplastifier votre quotidien, nous vous conseillons de lire le guide très pratique de Sophie Noucher, journaliste, « Le plastique, c’est pas automatique » (First Editions).
Avant de clore ces brèves, nous vous rappelons que l’ASEF soutient l’Appel des Coquelicots qui demande l’interdiction de tous les pesticides de synthèse et vous invitons à signer et à diffuser l’appel autour de vous : https://nousvoulonsdescoquelicots.org/l-appel/
Petit point agenda :
- Le 21 mars : Dr Souvet (cardiologue, président de l’ASEF) se rendra à la réunion du Groupe Santé Environnement au Ministère de la transition écologique et solidaire à Paris, consacrée au 4ème plan Nationale Santé Environnement ; il interviendra également lors de la conférence sur la prévention de l’exposition aux perturbateurs endocriniens à la maternité de Sarcelles (95) aux côtés de « Primum non nocere », agence experte en stratégie RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), RSO (Responsabilité Sociétale des Organisations) et plus globalement de développement durable.
- Le 22 mars:
– Dr Lefèvre et Dr Souvet assisteront, à Marseille, à la conférence-débat « perturbateurs endocriniens et cancer : de nouveaux facteurs de risque » donnée par Patrick Fénichel, Professeur d’Université Endocrinologue-Gynécologue au CHU de Nice, organisée par Mme Martine Vassal, Présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône et Présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence, Mr Dominique Nobile, Délégué régional de l’Inserm PACA et Corse et Mr Gilles Nalbone, Réseau Environnement Santé et Directeur de recherche émérite Inserm.
– L’ASEF sera présente à « la journée de la santé » organisée par la mairie de Saint Martin de Crau, le Collège Charloun Rieu de Saint Martin de Crau, avec la participation de l’ADDAP (Association départementale pour le développement des actions de prévention), de l’hôpital d’Arles, des professionnels de la santé et d’autres associations.
Nous vous donnons rendez-vous le 04 avril pour les prochaines brèves,
D’ici là portez-vous bien
Le Club des 10 de l’ASEF
SOURCES
[1] Cardiovascular disease burden from ambient air pollution in Europe reassessed using novel hazard ratio functions, Jos Lelieveld, Klaus Klingmüller, Andrea Pozzer et al., European Heart Journal, mars 2019, https://academic.oup.com/eurheartj/advance-article/doi/10.1093/eurheartj/ehz135/5372326#131933513
[2]http://www.datapressepremium.com/rmdiff/2005445/SOUS_EMBARGO_WWF_Rapport_plastiques_FR.pdf
[3] Sherri A Mason, Victoria G Welch, and Joseph Neratko, “Synthetic Polymer Contamination in Bottled Water,” Frontiers in Chemistry 6 (September 11, 2018): 407– 407, https://doi.org/10.3389/fchem.2018.00407
[4] 1 Murphy et al., “Wastewater Treatment Works (WwTW) as a Source of Microplastics in the Aquatic Environment
[5] Kosuth, Mason, and Wattenberg, “Anthropogenic Contamination of Tap Water, Beer, and Sea Salt
[6] ten Brink et al., “Plastics Marine Litter and the Circular Economy,” 2016