Les brèves de l'ASEF du 28 février 2020
Bonjour à toutes et à tous,
Au menu de ces brèves, focus sur les microparticules ultrafines, la vaisselle à base de bambou et les dernières actualités en bref.
Bonne lecture !
Microparticules ultrafines et maladies cardiovasculaires
Le rôle des microparticules (PM) dans la survenue de pathologies respiratoires, cardiovasculaires, de troubles du développement fœtal, de perturbations endocriniennes n’est plus à démontrer. Les sources en sont maintenant bien connues ; trafic routier et portuaire, industries en particulier pétrolière et du charbon, combustion de la biomasse et, probablement, comme le montre l’étude de la base de données PHYTATMO, pesticides, en aérosols suite à un épandage, en micropoussières secondaires à l’érosion de sols pollués.
A noter quelques publications récentes qui ont mis l’accent sur les microparticules les plus petites (PM1, de taille nanoparticulaires, <1micron), peu étudiées jusqu’à ces dernières années.
Déjà l’ANSES en juin 2018 attirait l’attention sur le risque émergent que représentaient ces particules ultrafines (PUF), et sur la nécessité de compléter les données les concernant. En effet, elles semblaient affecter la santé cardio-vasculaire et le développement des performances cognitives de l’enfant.
Deux articles récents de la revue Environnemental Health Perspective soulignent encore ce lien entre PM de petite taille (PM 2,5 et PUF) dans la survenue des maladies cardiovasculaires.
Un article issu de 3 instituts de l’EPA (Environmental Protection Agency – agence pour la protection de l’environnement des Etats Unis) montre le lien qui existe entre diminution des concentrations de PM2,5 ( <2,5 microns) entre 1990 et 2010 au niveau de 2132 comtés d’au moins 20.000 habitants et diminution de la mortalité cardio-vasculaire ; la responsabilité du carbone élémentaire, de taille nanoparticulaire, ainsi que des oxydes de soufre est soulignée par rapport à d’autres composants dont le carbone organique.
Une deuxième étude menée par K Chen, dans la même revue, menée à Augsbourg en Allemagne entre 2005 et 2015 met aussi en évidence ce lien par la corrélation retrouvée entre concentration d’UPF lors d’expositions brèves, de quelques heures, lors de pics de pollution et survenue d’Infarctus du myocarde (IDM) non fatal dans les 6 à 12heures qui suivent (5898 cas d’IDM). Cette association avait déjà été soulignée dans une étude de Zanotetti en 2009 à partir de données de l’EPA sur 112 villes des Etats-Unis dans laquelle la responsabilité des PM2,5 plus que celle des PM2,5 à 10 avait été mise en évidence dans la survenue d’IDM et d’AVC.
Les microparticules ultrafines, par leur taille nano-particulaire, semblent donc avoir un effet nocif particulièrement marqué de par leur faculté de pouvoir pénétrer dans la circulation générale et entrainer une inflammation vasculaire, facteur primordial dans la genèse de la plaque d’athérome.
La vaisselle en bambou, réelle alternative à celle en plastique ?
Depuis la création de collectifs « Cantine sans plastique », l’ASEF soutient ce mouvement initié par des familles pour demander le remplacement de ces contenants en plastiques servant au stockage et au chauffage des aliments servis dans un grand nombre de cantines.
Or des composants nocifs (par exemple des huiles minérales habituellement utilisées comme lubrifiant de moteur) présents dans ces plastiques migrent vers les aliments et le chauffage accentue cette migration.
Nous soutenons donc le stockage et le chauffage de ces aliments dans des contenants inertes comme le verre ou l’inox.
Mais ces contenants peuvent être plus difficiles à manipuler, à cause du poids par exemple, et des collectivités s’interrogent sur des contenants biosourcés qui seraient plus facile d’utilisation.
L’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques (Bundesinstitut für Risikobewertung) [1] vient d’alerter à nouveau sur des plats présentés comme « produits en bambou » et qui sont en fait des plats en résine mélamine-formaldéhyde, vaisselle légère et incassable et qui contient des fibres de bambou comme composé de remplissage.
Le problème est qu’au contact d’aliments ou liquides chauds, des quantités dangereuses de mélamine et de formaldéhyde dans la vaisselle peuvent passer dans les aliments; de plus avec la chaleur le plastique se déstructure.
La mélamine favorise la survenue de calculs rénaux et est cancérigène pour l’animal et le formaldéhyde cancérigène avéré pour l’homme. On se gardera donc bien d’utiliser ce type contenants ; de plus si le bambou est biodégradable les résines elles ne le sont pas.
C’est ainsi que la Direction Générale de la Répression des Fraudes (DGCCRF) a procédé à une dizaine de rappels d’articles de puériculture à base de bambou d’après un article de la revue 60 millions de consommateurs, du 27 janvier 2020.
Continuez donc de privilégier chez vous le verre pour stocker et chauffer vos aliments.
En bref dans l’actualité
Arrêt de production du chlorpyrifos. L’agrochimiste américain Corteva a annoncé le 6 février que le chlorpyrifos cesserait d’être produit d’ici la fin de l’année 2020. Pesticide, appartenant à une famille de toxiques dérivée de gaz de combat, vendu depuis plus d’un demi-siècle et décrié depuis une vingtaine d’année, il est accusé de provoquer l’érosion des capacités intellectuelles des enfants exposés pendant la grossesse, d’un risque accru de troubles autistiques et d’un faible poids à la naissance, etc. En 2016, une étude parue dans le Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism, a montré qu’ « un enfant européen né dans les années 2010 avait en moyenne perdu 2,5 points de quotient intellectuel du fait de son exposition in utero à la famille des organophosphorés, dont le chlorpyrifos est le principal représentant ». Il est interdit dans l’Union Européenne depuis décembre 2019.
Pollution de l’air par les pesticides. Le 18 décembre 2019 est parue la base de données Phytatmo, rendue publique par Atmo France, la fédération des associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA). Quinze années de mesure ont été réalisées. Sur les 40 à 90 substances actives détectées et quantifiées au niveau national, 10 pesticides les plus présents dans l’air ont été mis en évidence. Le « Lindane », insecticide interdit dans l’agriculture depuis 1998, classé cancérogène pour l’Homme par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) fait partie de ces 10 pesticides. D’autres substances comme l’atrazine, herbicide, perturbateur endocrinien, interdite en France depuis 2001, ont été retrouvées dans des campagnes de mesures localement. Sur la base des données Phytatmo, l’association Générations Futures a publié un rapport le 18 février, mettant en évidence le caractère perturbateur endocrinien et CMR (cancérigène, mutagène et reprotoxique) de ces substances.
Avant de clore ces brèves, nous vous rappelons que l’ASEF soutient l’Appel des Coquelicots qui demande l’interdiction de tous les pesticides de synthèse: https://nousvoulonsdescoquelicots.org/l-appel/
Petit point agenda :
Le 3 mars, l’ASEF sera présente à la journée consacrée à la santé des Femmes, à Martigues.
Le 6, 7 et 8 mars, venez nous rencontrer sur notre stand au salon Bien-Être et Médecines Douces au Parc Chanot, à Marseille.
Le 7 mars, le groupe local d’Extinction Rebellion Marseille, organise une action dans le cadre de la campagne nationale « Dites la vérité » pour sensibiliser les candidat.e.s aux élections municipales, élu.e.s et entreprises aux enjeux sanitaires de la pollution de l’air à Marseille. Dr Jean Lefèvre, porte-parole de l’ASEF, y interviendra en lisant un manifeste.
Le 9 mars, il participera au « Green Drinks », soirée de rencontre entre étudiants toulonnais, entreprises et associations qui pratiquent au quotidien le Développement Durable, à Toulon.
Le 10 mars, Dr Pfister Brigitte, endocrinologue, et Dr Lefèvre, interviendront sur les cosmétiques dans le cadre du CU en santé environnementale en périnatalité et fertilité, des professeurs Bretelle et Perrin, à Marseille.
Le 17 mars, Dr Souvet, président de l’ASEF, a été invitée à la conférence de presse organisée par Atmosud sur les particules ultra fines.
Le 31 mars, les Drs Pfister et Lefèvre seront présents à l’évènement « Master Class Santé », une matinée de sensibilisation des journalistes aux risques que peuvent engendrer l’utilisation de produits ménagers et substances chimiques sur la santé, organisée par notre partenaire Rainett, à Paris.
Le 31 mars, nous serons également présents au « Green Day » du lycée d’Istres pour une sensibilisation du jeune public à la santé environnementale.
Les 18 et 19 avril, Dr Souvet interviendra au Congrès santé environnement « 1001 jours : Odyssée de la Vie » organisé par l’URML Océan Indien, à La Réunion, sur le thème des ondes électromagnétique et périnatalité.
Le 30 mai, l’ASEF sera présente à la 6ème édition du congrès « Un autre regard sur le cancer », organisé par le Centre Ressource, à Aix-en-Provence.
Pour vous inscrire : https://www.atoutcom.com/portfolio/uarc/
SOURCES
[1] « Gefäße aus Melamin-Formaldehyd-Harz wie „Coffee to go“ Becher aus „Bambusware“ können gesundheitlich bedenkliche Stoffe in heiße Lebensmittel abgeben Stellungnahme » Nr. 046/2019 des BfR vom 25. November 2019
A bientôt pour les prochaines brèves.
Portez-vous bien!
Le Club des 10 de l’ASEF