19 avril 2021

Tribune d'un collectif: alerte sur le développement des centrales au bois et des incinérateurs

Professionnels de santé et associations alertent sur le développement
des centrales au bois et des incinérateurs

Nous vous appelons à signer cet appel en en envoyant « Je signe » à
strasbourgrespire@gmail.com ou airsanteclimat@gmail.com

La combustion du bois est la source la plus émettrice de polluants toxiques pour la santé. Les particules de combustion émises par la combustion du bois sont les plus nocives, semblables en termes de composition aux particules diesel (fioul de chauffage et gazole routier), notamment en raison des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) extrêmement cancérigènes qui entrent à la fois dans la composition des particules fines mais également des gaz émis par la combustion du bois. La combustion du bois émet 35 fois plus de HAP cancérigènes que le fioul domestique, et bien plus encore comparativement à la combustion du charbon ou du gaz [1].

En plus de leur caractère cancérigène, ces particules carbonées sont également les plus toxiques pour les systèmes respiratoires, cardiovasculaires ainsi que pour le développement du fœtus.

La combustion du bois est également à l’origine d’autres polluants toxiques, notamment des composants organiques volatiles, cancérigènes également.


Dans ce contexte, encourager le développement du chauffage au bois et des centrales biomasses – qui fonctionnent en grande partie au bois – est dangereux pour la santé de nos concitoyens et
incompatible avec les politiques publiques d’amélioration de la qualité de l’air notamment dans les 13 villes et territoires qui outrepassent les normes européennes.


Certes cette pollution est surtout marquée pour les anciens appareils de chauffage et tend à diminuer avec l’amélioration et le renouvellement des installations. Ainsi ,certaines centrales biomasses récentes sont équipées de filtres à manche permettant de diminuer les émissions mais qui laissent passer les particules  ultrafines, les plus toxiques, en raison de leur taille et des nombreux hydrocarbures aromatiques polycycliques présents à leur surface.

De nombreux projets de centrale biomasse en France et à l’étranger [2] se heurtent à l’opposition de riverains inquiets pour leur santé et d’associations en pointe dans la lutte écologique, telles que Greenpeace ou Les Amis de la Terre, qui s’accordent pour dénoncer la multiplication des centrales au bois [3].

Les erreurs ne s’arrêtent malheureusement pas là puisque l’État encourage – en plus de la combustion du bois – le recours à la production de chaleur par incinération. Citons l’usine Blue Paper à Strasbourg, qui a bénéficié de subventions et d’aides des collectivités et de l’Ademe pour remplacer des chaudières au gaz par un incinérateur afin de fournir la chaleur nécessaire à la production de carton recyclé. Ce passage du gaz à l’incinération de déchets augmente significativement les émissions de particules fines et de HAP [4].

10 % de gaz à effet de serre supplémentaires d’ici dix ans

Dangereuse pour la santé, la combustion intensive du bois n’est pas bonne non plus pour le climat. Si la croyance populaire, savamment entretenue, veut qu’elle soit neutre en carbone, en vérité, il n’en est rien : à quantité égale, la combustion du bois est plus émettrice de CO2 que n’importe quelle autre énergie ! Certes, les arbres absorbent du CO2 – CO2 d’ailleurs habilement retranché des émissions liées à la combustion du bois pour faire croire en sa neutralité carbone. Mais si celle-ci peut être réelle lors de faible consommation des ressources en bois, elle ne fonctionne plus au rythme actuel de déforestation et de consommation du bois, qui rend impossible à nos forêts de remplir leur fonction d’absorbeuses de CO2, y compris en
Europe.

C’est le sens d’une lettre publiée dans la revue Nature – et envoyée à l’Union
européenne – par des chercheurs du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) [
5] . Ces scientifiques alertent sur le danger du développement industriel des forêts européennes, qui ne permet pas de compenser l’augmentation des émissions de CO2 liées au développement des centrales et chauffages au bois et ils estiment que si rien n’est fait la filière bois énergie sera responsable, à elle seule, d’un accroissement de 10 % des gaz à effet de serre dans les dix prochaines années.

Certes, le mix énergétique, la sortie des énergies fossiles sont à encourager mais nous appelons à ne pas développer le recours aux centrales biomasses et incinérateurs notamment dans les villes et territoires très pollués. Dans ce contexte, nous pensons qu’interdire le gaz dans les logements neufs n’est pas non plus une bonne solution, le gaz pouvant dans les villes polluées, représenter une alternative très peu polluante en attendant que d’autres énergies renouvelables soient enfin accessibles.

Les médecins appellent à une évaluation plus fine des polluants
toxiques dans l’atmosphère

Nous, médecins et professionnels de santé, rappelons également que les polluants toxiques sont insuffisamment évalués et réglementés dans l’air ambiant, notamment les polluants émis par le secteur industriel incluant les centrales au bois et incinérateurs. Nous insistons sur l’importance d’instaurer des valeurs limites et une surveillance des polluants toxiques non encore réglementés, comme le préconise l’Anses [6] et nous demandons une révision des normes pour les polluants les plus nocifs comme les HAP. En effet, sur la dizaine de HAP cancérigènes, seul le benzo(a)pyrène bénéficie de valeurs limites dans l’atmosphère, mais il s’agit de normes annuelles et non journalières. En outre, la Convention de Genève prévoyait  en 1997 de diviser par un facteur 10 ces concentrations annelles (de 1ng/m3/an à 0,1ng/m3/an) ce qui n’est toujours pas appliqué [7] !

Déjà signé par plus de 50 professionnels de santé strasbourgeois nous souhaitons élargir cet appel à l’ensemble des professionnels de santé en France afin de demander une limitation de l’utilisation du bois et de l’incinération notamment dans les territoires pollués, ainsi que l’instauration de valeurs limites et d’une surveillance des polluants toxiques non réglementés et une mise en place des valeurs limites plus strictes pour les polluants les plus toxiques tels que les HAP.

Nous vous appelons à signer cet appel en en envoyant un mail à
strasbourgrespire@gmail.com ou airsanteclimat@gmail.com

Premiers médecins et professionnels de santé signataires :

Dr Thomas Bourdrel, radiologue
Dr Christian Michel, médecin généraliste
Dr Thierry Reeb, cardiologue
Dr Schmoll Laurent, ORL
Dr Catherine Jung, médecin généraliste
Dr Anny Zorn, médecin généraliste
Dr Boivin Sophie, endocrinologue
Dr Annic Jarnoux, médecin généraliste
Dr Jean Marie Diancourt, pneumologue
Dr Myriam Ernst, médecin généraliste
Dr Jean Louis Bagot, médecin généraliste
Dr Frédérique Sauer, cardiologue
Céline Bruderer, sage-femme
Dr Claire Wilhelm, médecin généraliste
Violaine Marcant, orthophoniste

Dr Denis Matter, radiologue
Dr Farid Bousseksou, médecin urgentiste
Joëlle Berger-scheydecker, kinésithérapeuthe
Dr David Dadoun, cardiologue
Dr Benjamin Brodaty, anesthésiste-réanimateur
Dr Christelle Brodaty, biologiste
Dr Sophie Rabourdin, médecin généraliste
Dr Juliette Chambe, médecin généraliste
Dr Daniel Wiedemann, médecin généraliste
Rita-marianne Lange, neuropsychologue
Luisa Weiner, neuropsychologue, Maître de Conférences en Psychologie
Dr Claude Schaal, radiologue
Dr Julien Frey, médecin Unité de Soins Palliatifs
Dr Bruno Hauss, anesthésiste-réanimateur
Françoise Caillet psychologue
Dr Alexandre LECLERCQ, pneumologue
Dr Guillaume MICHEL, ophtalmologue
Dr Thomas Lefranc, psychiatre
Dr Olivier Rahimian, ophtalmologue
Dr Vanessa Juif, gastroentérologue
Dr Rivera, Chirurgien
Dr Emmanuel Dautheville, cardiologue
Dr Jean LONSDORFER,
Ancien PU-PH Physiologie et Explorations Fonctionnelles Respiratoires et du Sport, HUS
Dr Julie Blavin, ophtalmologue
Dr Gaspard Prevot, médecin généraliste
Dr Jean-Marie MONSCH, gastroentérologue
Dr Christophe Marcot, pneumologue
Dr Arnaud Pfersdorff, pédiatre
Dr Valérie Ronzino-Dubost, chirurgien-sénologue
Dr Clarisse Gilles, médecin géneraliste
Réseau Environnement Santé (RES)

Collectif Air- Santé-Climat
ARSMB
Professeur Isabella Annesi-Maesano, Directrice de recherche INSERM / Directrice d’équipe
labellisée INSERM et Sorbonne Université EPAR ;
Docteur Mallory Guyon, Collectif Environnement Santé 74 ;
Docteur Gilles Dixsaut, Comité Francilien contre les maladies respiratoires ;
Docteur Pierre Souvet, Association Santé Environnement France (ASEF) ;
Docteur Jean-Baptiste Renard, Directeur de recherche LPC2E-CNRS
Dr Hélène Clery, médecine générale
Murie Auprince dieteticienne
Dr Richard Faitg, anesthesiste
Dr Anne-Louise Durand, Dermatologue
Dr Lamia Kerdjana, Anesthésiste-réanimatrice
Présidente de Jeunes Médecins IDF
Trésorière de Jeunes Médecin
Dr Julien Petit, médecine du sport
Dr Alicia Pillot, médecin généraliste Lyon
Dr Christine Malfay-Regnier, ophtalmologue
Docteur Patrick Lemettre, médecin généraliste
Dr Philippe Kuentz, dermatologue, Grenoble
Dr Séverine Guyon Gillig , médecine générale Strasbourg
Dr Mélanie Popoff. Médecin spécialiste en Médecine Physique et de Réadaptation Bordeaux

Dr Sylvie Langlais, gynécologue Metz
Docteur Xavier FEINTRENIE, pneumologue Vandoeuvre les Nancy