Rapport du GIEC – Groupe 1 par l’Alliance Santé Planétaire
L’Alliance Santé Planétaire est une association, membre français de la Planetary Health Alliance. Elle a pour objectif de promouvoir la Santé Planétaire et de communiquer ses enjeux aux patient·es, professionnel.les, citoyen·nes et législateurs·trices.
L’évaluation la plus complète de la science du climat publiée lundi 9 août, le sixième rapport de ce type du GIEC depuis 1988, a duré huit ans, rassemblant le travail de centaines d’experts et 14 000 études évaluées par des pairs. Il représente le niveau de connaissance le plus haut à ce jour sur les bases physiques du changement climatique. (Le travail du Groupe 1 du GIEC) [1]
Le groupe 2 du GIEC travaillant sur les impacts du changement climatique, sur les vulnérabilités de nos sociétés et l’adaptation en général publiera son rapport d’ici quelques mois. Nous reviendrons en détails sur ce dernier car il rendra compte des impacts sur la santé humaine et la santé des écosystèmes, ce qui nous intéresse plus particulièrement ici.
Concernant les résultats de ce rapport les avertissements ignorés à plusieurs reprises de la part des scientifiques au cours des dernières décennies sont maintenant devenus réalité.
L’humanité (ou plutôt une partie de l’humanité la plus riche), par ses actions, ou son inaction, a sans équivoque réchauffé la planète et déréglé son système climatique.
Aucun endroit sur Terre n’échappe dorénavant à la hausse des températures, aux inondations, aux incendies, aux sécheresses et aux extrêmes de température. Tous ces phénomènes climatiques sont plus nombreux, plus fréquents, plus intenses.
L’aspect clé du rapport du GIEC est que le résumé de 41 pages est approuvé, ligne par ligne, par tous les gouvernements de la planète, les scientifiques peuvent opposer leur veto à toute proposition politiquement alléchante mais non scientifique.
En conséquence, les gouvernements qui continuent de ne pas agir n’ont nulle part où se cacher – le rapport limpide brise tous alibis et renvoient à l’impératif d’agir de la manière la plus totale qui soit.
Le rapport explique qu’une action immédiate, coordonnée, est le seul moyen d’éviter des impacts toujours plus graves, dont les incendies de forêt d’aujourd’hui en Californie, en Grèce et en Turquie, les inondations en Allemagne et en Belgique, en Chine et en Angleterre, et les vagues de chaleur au Canada et en Sibérie.
Ces évènements dramatiques ne sont pourtant que de « simples » aperçus en comparaison des risques du changement climatique à venir.
En renforçant les preuves scientifiques entre les émissions humaines et les conditions météorologiques extrêmes, le GIEC a fourni de nouveaux moyens puissants pour tenir l’industrie des combustibles fossiles et les gouvernements directement responsables de l’urgence climatique.
L’activité humaine modifie le climat de la Terre d’une manière « sans précédent » depuis des milliers ou des centaines de milliers d’années, certains des changements étant désormais inévitables et irréversibles.
Au cours des deux prochaines décennies, les températures devraient augmenter de plus de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, ne permettant pas la réalisation de l’ambition de l’accord de Paris sur le climat de 2015.
Pour autant un monde à 1.6°C est beaucoup plus difficile à vivre qu’un monde à 1.5°C. Chaque 0.1°C compte, chaque tonne de CO2 émise compte.
Il est urgent de se doter des lentilles de la santé planétaire afin de répondre aux impératifs du climat, en jouant le jeu de l’interdépendance et de l’interdisciplinarité sans oublier l’enjeu premier de réduire les inégalités dans le monde qui condamnent les actions significatives en matière de lutte contre le changement climatique.
Agissons ensemble car qu’on le veuille ou non, nous sommes toutes et tous ensemble, en interconnexion, humains et non humains, santé humaine et santé des écosystèmes.
Anthony Delcambre, médecin généraliste, membre de l’Alliance Santé Planétaire et de l’ASEF.