Cadmium et risque cardio vasculaire : un surrisque inquiétant

On trouve sur Pub Med 14 000 articles sous la référence « Cadmium and Health » en lien avec les cancers, les troubles osseux, rénaux, de fertilité, et même diabète.

Une méta analyse [1] du lien cadmium et risque cardio vasculaire global basé sur tous les articles sortis entre 2005 et 2023 fait le point sur le risque cardio vasculaire associé. Il est très important, d’autant que les français sont plus contaminés que les pays similaires, adultes comme enfants.

A titre d’exemple, les enfants américains et allemands ont entre 0.06 et 0.07 µg/l contre 0.28 pour les enfants français et les adultes ne sont pas en reste avec une moyenne à 0.57µg/g de créatinine contre 0.19 pour les américains ou 0.26 pour les italiens.

D’abord, il n’y a pas de dose en dessous de laquelle le risque n’est pas augmenté.

La courbe de contamination a un surrisque maximal de 2.79 à 0.50µg g de créatinine après quoi le risque s’est stabilisé.

Des schémas similaires d’association de l’exposition au cadmium avec la mortalité globale par maladies cardio-vasculaires et les risques d’insuffisance cardiaque, de maladie coronarienne et d’accident vasculaire cérébral en général, alors que pour l’AVC ischémique, il existait une association positive avec la mortalité uniquement.

Quasiment 1 jeune sur 5 a déjà à sa majorité un surrisque équivalent !

Comment se protéger, en attendant que les valeurs limites de cadmium dans les engrais phosphatés à l’origine d’une grande partie de la contamination soit diminuée? La difficulté est que cette diminution de dose limite dans les engrais indispensable ne permettra que de stabiliser la contamination mais c’est déjà un point important.

Il faut donc sans attendre :

  •  Limiter les apports : [2]

  –Réduction du tabac (cadmium présent dans le tabac ; en France : moyenne des adultes de 60 ans fumeurs: 0.65, non-fumeurs : 0.50) et de la consommation de coquillages ;

   -Réorientation de l’alimentation (attention à l’excès de pommes de terre, céréales et dérivés, pâtes, pains … ;

   –Le « Bio » a 48% de Cadmium en moins en moyenne.

  • Diminuer son absorption intestinale

 – Les régimes carencés en protéines, en calcium, en fer, en cuivre ou en zinc facilitent l’absorption digestive du cadmium ;

 – Les régimes riches en fibres la diminuent ;

 – La carence martiale est donc un facteur de risque notable.

  • 3/Réduire sa toxicité

– rôle des métallothionéines qui inhibent sa toxicité et dépendant notamment d’un bon statut en Zinc. Exemple de l’étude de Chen parue dans Neurology [3] qui montre un surrisque d’AVC plus élevé chez les sujets dont le statut en zinc était plus faible. Sa conclusion était « Ne jamais fumer et maintenir un taux sérique de zinc élevé peuvent atténuer les effets indésirables potentiels de l’exposition au cadmium».

Plus que jamais la réduction de la contamination est une priorité de santé publique !

Dr Pierre Souvet, cardiologue et président de l’ASEF.

SOURCES

[1] Verzelonni et al., Cadmium exposure and cardiovascular disease risk: A systematic review and dose-response meta-analysis, Env Poll, Mar 2024 DOI: 10.1016/j.envpol.2024.123462

[2] Barański M, et al. Higher antioxidant and lower cadmium concentrations and lower incidence of pesticide residues in organically grown crops: a systematic literature review and meta-analyses. Br J Nutr. 2014 Sep 14doi: 10.1017/S0007114514001366.

[3] Chen C, et al., Urinary cadmium concentration and the risk of ischemic stroke. Neurology. 2018 Jul doi: 10.1212/WNL.0000000000005856.