Communiqué de Presse du collectif AIR-SANTE-CLIMAT qui réagit à la réhabilitation du diesel voulue par Bercy
Notre collectif AIR-SANTE-CLIMAT composé de médecins, de chercheurs et de responsables associatifs a pour objectif d’alerter sur l’impact de la pollution atmosphérique sur la santé et de proposer des solutions pour améliorer la qualité́ de l’air. Notre combat est celui de la vérité scientifique.
LA RÉHABILITATION DU DIESEL ENVISAGÉE PAR BERCY OUVRIRAIT LA VOIE A UN SCANDALE SANITAIRE.
Comment avec nos connaissances scientifiques sur le diesel, peut-on encore vouloir sacrifier la santé des français pour des intérêts économiques ?
Non seulement les véhicules diesels même les plus récents ne peuvent être éligibles à la vignette Crit’Air 1, mais ils ne méritent même pas la vignette crit’Air 2 et il apparait même plus que raisonnable de demander l’arrêt de la vente des véhicules diesels.
Les véhicules diesels Y COMPRIS les nouveaux diesels, sont à l’origine des émissions les plus toxiques pour la santé humaine.
Toutes les données sur les émissions de NO2 des dernières générations de véhicules diesels ont fait l’objet de tricheries révélées notamment lors du dieselgate. Tous ces diesels frauduleux sont interdits de circulation aux Etats-Unis mais continuent de circuler impunément en France !
De plus, les mesures d’émissions des tests au banc d’essai sont réalisées en conditions optimales de conduite mais, même dans ces conditions « favorables » un diesel récent émet 5 à 6 fois plus de NO2 qu’un véhicule essence.
De plus, dans les zones urbaines, les systèmes de dépollution des NO2 ne fonctionnent pas car le moteur en ville n’a quasiment jamais le temps d’atteindre la température nécessaire à son fonctionnement [1].
Il est donc –d’un point de vue sanitaire- impératif d’interdire les diesels anciens et récents en ville.
Rappelons que le NO2 est à l’origine de 5000 à 7000 décès/an en France d’origine cardiovasculaire ou pulmonaire, et qu’il s’agit là d’un impact sous-évalué ne représentant qu’une estimation très basse. Cet effet est dû à la fois à la toxicité directe du NO2 et aux polluants secondaires issus de la transformation du NO2 dans l’atmosphère.
En plus du NO2, les diesels émettent des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) – classés cancérigènes certains pour le poumon par l’OMS en 2012 – et responsables d’effets cardiovasculaires ainsi que sur le fœtus. Ces HAP sortent sous forme de particules et de gaz parmi lesquels les nitro-HAP, extrêmement toxiques qui sont émis par les diesels récents.
Les filtres des nouveaux diesels émettent des particules.
Du fait de la performance de filtres à particules utilisés, les particules émises sont plus petites donc plus toxiques. Ces particules ultrafines et nanoparticules sont extrêmement nocives car recouvertes de métaux et d’HAP qui peuvent franchir le système respiratoire, contaminer tous nos organes – notamment le cœur et le cerveau – et atteindre la circulation placentaire avec des répercussions sur le fœtus.
L’essence devra à terme également disparaître de nos villes mais l’urgence est moindre, un véhicule essence émettant au moins 6 fois moins de NO2 qu’un diesel et, de par leur composition, la toxicité des particules émises par un véhicule essence est moindre [2].
Comme avec le lobby du tabac qui a essayé de nous vendre ses cigarettes light et ultralights, ne tombons pas à nouveau dans le piège des industriels, qui tentent de nous vendre un diesel propre qui ne peut pas exister, le chantage à l’emploi doit cesser, il en va de notre santé, de celles de nos enfants.
Florence Trébuchon, médecin allergologue
Thomas Bourdrel, médecin radiologue, collectif Strasbourgrespire
Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au LPC2E-CNRS à Orléans
Pierre Souvet, médecin cardiologue, président de l’ASEF
Guillaume Muller, Val-de-Marne en Transition
Collectif Santé-Environnement 74
Olivier Blond, président de l’association Respire
Gilles Dixsaut, président du Comité national contre les maladies respiratoires
Isabella Annesi-Maesano, Directeur de Recherche (DR1) INSERM / INSERM Research Director
[1] Pour que les systèmes de dépollution du NO2 de type réduction catalytique sélective (SCR) avec additif de type Ad Blue fonctionnent, la température du système doit être maintenue au-dessus d’une certaine température de 190° qui n’est que très rarement atteinte lors de courts trajets urbains. Pire en ne fonctionnant pas correctement les systèmes Ad Blue relâchent du NH3 et des NO2 qui pourront- en se combinant – former des particules secondaires ! Quant aux systèmes de type pièges à NOx, ils ne fonctionnent qu’au-dessus d’une température ambiante de 17°
[2] L’ajout de faible quantité d’éthanol (5% SP 95 et 10% E10) permet de réduire drastiquement les HAP (composés les plus toxiques présents à la surface des particules diesels et essences)