Des fleurs plus toxiques que ce que nous croyons…
Bien que le récit de Laure Marivain concernant le décès de sa fille Emy début octobre ait suscité une forte réaction, cet événement met en lumière une problématique plus vaste : le manque d’informations et de mesures de prévention destinées aux fleuristes. Les fleuristes se retrouvent à manipuler des fleurs comportant un nombre très important de pesticides et sans les protections adaptées aux risques encourus.
Les fleurs devenues un nid à pesticide
Les pesticides sont utilisés par un grand nombre de producteurs de fleurs afin de maintenir celles-ci dans un bon état pour la vente. Cette stratégie dans un objectif de rester dans la compétitivité du marché pousse les producteurs à un usage excessif des pesticides. Une étude a d’ailleurs été menée en Belgique chez des fleuristes de sept villes. Cette étude démontre l’usage de près de 97 pesticides dans les bouquets de roses[1].
La présence de pesticides est encore plus nocive dans les fleurs importées. Les fleurs importées représentent près de 85 % des fleurs vendues en France et sont donc majoritaires sur le marché français[2]. Pour que l’importation n’impacte pas la qualité et l’esthétisme de ces fleurs, les producteurs étrangers font usage de pesticides extrêmement nocifs, certains même n’étant pas autorisés en France. Une étude datant de novembre 2021 et publiée dans la revue Environmental Pollution a identifié l’usage de plus 200 pesticides pour la production ou la conservation des fleurs dont 93 interdits par l’UE[3]. Cela pose un problème de santé publique puisque les pesticides sont facilement absorbés par les fleuristes du fait d’un contact cutané au moment de la préparation des bouquets[4].
La nécessité d’une réglementation plus stricte quant à l’usage des pesticides
Les risques pour la santé pourraient cependant être limitées ne serait ce que par l’instauration d’une réglementation plus stricte sur cet usage des pesticides. A la différence des aliments, il n’existe pas de limites maximales de résidus pour les fleurs[5]. Des mesures doivent être prises afin de protéger l’ensemble des professionnels du secteur. Il est nécessaire d’une part de communiquer sur les risques potentiels à la manipulation de ces plantes et de recommander les protections à prendre pour limiter son exposition. D’autre part les autorités publiques se doivent d’assurer un suivi santé de ces professionnels afin de prendre en charge dans les temps les problèmes de santé dus à leur activité salariale.
Quelles mesures appliquer à son échelle pour se protéger ?
Bien que nous puissions observer des avancées sur la reconnaissance des risques du métier de fleuristes grâce notamment au combat acharné mené par Laure Marivain, les réglementations sont toujours le fruit d’un processus long ponctué de négociations des parties prenantes. Pour cela l’ASEF fait un récapitulatif de quelques mesures clés à adopter afin de limiter les risques pour la santé :
- Porter des gants lors de la confection des bouquets ;
- Porter un masque de protection pour limiter l’inhalation de ces pesticides ;
- Aérer le lieu de travail pour éviter une trop forte concentration des pesticides dans un espace fermé ;
- Nettoyer l’espace de travail pour limiter au maximum les résidus de pesticides ;
- Choisir des fournisseurs engagés dans des pratiques plus sûres ;
- Avoir un suivi médical régulier pour détecter le plus tôt possible tout problème de santé du fait de l’exposition aux pesticides.
La mise en place de ce type de mesures permet de protéger au mieux à son échelle sa santé du fait de la profession. Ainsi, même si certaines de ces mesures entrainent des coûts supplémentaires, l’aspect bénéfique pour la santé est loin d’être négligeable.
Pour ce qui est des consommateurs, nous vous conseillons de privilégier et donc de valoriser certaines filières comme le label Fleurs de France[6]. En effet, acheter des fleurs produites en France induit une diminution de l’impact carbone.
SOURCES :
[1] « Identification of biochemical composition and pesticides residue in ten rose cultivars leaves using FT-IR spectroscopy » ; Emirates Journal of Food and Agriculture (EJFA), no. Vol. 33, no 11 ; 01/11/2021 ; URL : Europresse
[2] MANDARD Stéphane ; «Les fleuristes, victimes ignorées des pesticides : « Si l’on m’avait mise en garde, ma fille serait encore là » » ; Le Monde ; 11/10/2024 ; URL : Les fleuristes, victimes ignorées des pesticides : « Si l’on m’avait mise en garde, ma fille serait encore là »
[3] Ibid.
[4] TOUMI Khaoula, JOLY Laure, VLEMINCKX Christiane & SCHIFFERS Bruno; « Biological monitoring of exposure to pesticide residues among Belgian florists » ; Human and Ecological Risk Assessment: An International Journal, 26(3), pp. 636–653 ; URL : Biological monitoring of exposure to pesticide residues among Belgian florists: Human and Ecological Risk Assessment: An International Journal: Vol 26 , No 3 – Get Access
[5] MANDARD Stéphane ; «Les fleuristes, victimes ignorées des pesticides : « Si l’on m’avait mise en garde, ma fille serait encore là » » ; Le Monde ; 11/10/2024 ; URL : Les fleuristes, victimes ignorées des pesticides : « Si l’on m’avait mise en garde, ma fille serait encore là »
[6] « Fleurs, plantes, arbres : quels sont les labels de qualité ? » ; Ministère de l’Agriculture de la Souveraineté Alimentaire et de la Forêt ; 13/02/2023 ; URL : Fleurs, plantes, arbres : quels sont les labels de qualité ? | Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt