Le débrief de l'ASEF du 4 mai 2017
Bonjour à tous !
Toujours pas inscrit pour notre soirée bio-maman ? Dépêchez-vous c’est par ici ! D’ailleurs nous sommes en train de tourner un petit film pour présenter nos sacs lors de cette soirée !
Et sinon, quelles sont les nouveautés de la semaine dans notre domaine santé/environnement ?
Un point sur la cigarette électronique…
On estime à 3 millions le nombre de Français utilisateurs de la cigarette électronique, dont 1,5 million qui l’utilisent quotidiennement (que ce soit en combinaison avec la cigarette classique ou en remplacement). La mise sur le marché datant de 2009, et son apparition en France datant de 2013, il est difficile de juger véritablement des effets de cet instrument. A l’occasion du congrès francophone sur les allergies qui s’est déroulé à Paris la semaine dernière, un point a été fait par des pneumologues sur les risques potentiels pour la santé.
L’exposition à la e-cigarette pourrait être liée à l’apparition de détresses respiratoires comme des pneumopathies lipidiques du poumon, et surtout au développement d’allergies respiratoires. Certaines études ont en effet montré que l’utilisation de la cigarette électronique peut provoquer des modifications de l’immunité locale ainsi qu’une colonisation des voies aériennes par une bactérie, le staphylocoque doré ; cette colonisation est connue comme étant un facteur de risque pour l’apparition d’allergies respiratoires.
Les liquides pour cigarettes électroniques contiennent principalement du propylène glycol et de la glycérine végétale, mais également de l’eau et des additifs/arômes. Ce sont surtout ces derniers qui sont mis en cause dans l’apparition de symptômes. Les additifs alimentaires utilisés ne sont pas toujours sans risque en cas d’inhalation ! Par exemple, le diacéthyle est utilisé pour donner un goût de beurre au pop-corn, peut être dangereux lorsqu’il est inhalé. Un chauffage trop important des liquides lors de l’utilisation de la cigarette électronique peut également entraîner l’apparition de composés toxiques. Une étude récente a d’ailleurs retrouvé plusieurs composés dans l’aérosol : des particules fines et des nanoparticules, des carbonyles (utilisés dans les solvants), de l’acétaldéhyde connu pour être génotoxique et carcinogène et des composés organiques volatils comme le benzène et le toluène (1).
Rappelons toutefois qu’à ce jour, la cigarette électronique contient beaucoup moins de substances chimiques en comparaison avec la cigarette classique, ce qui suggère une toxicité bien moindre. C’est en outre un outil qui semble très intéressant pour le sevrage tabagique de certains consommateurs. Mais si le maintien du geste peut en aider certains, il faut garder à l’esprit que c’est la nicotine contenue dans le liquide qui permet ce sevrage. Or certains utilisateurs dépendants à la nicotine ne mettent pas assez de cette substance dans le liquide, ce qui peut rendre inefficaces leurs efforts pour arrêter de fumer. Ils ont également tendance à inhaler fortement l’aérosol pour compenser ce manque, ce qui entraîne une irritation au niveau de l’oropharynx due notamment au propylène glycol.
Notons également qu’un nouveau décret publié le 27 avril 2017 (2) définit les lieux où le vapotage est interdit. Au 1er octobre 2017, il sera interdit de vapoter dans :
- les établissements scolaires
- les établissements destinés à l’accueil, la formation et l’hébergement des mineurs
- les transports en commun
- les lieux de travail fermés et destinés à l’usage collectif
Braver cette interdiction sera passible d’une amende de 150 Euros. Dans les lieux de travail, l’usage sera autorisé dans les locaux accueillant du public tels que les cafétérias. La e-cigarette devrait également être tolérée dans les cafés, les bars et les restaurants, voire même dans certains établissements de santé (salles collectives dans les services de psychiatrie, d’addictologie, de long séjour, de soins palliatifs).
Et sur les retardateurs de flamme bromés.
Parlons maintenant d’un tout autre sujet : celui des retardateurs de flamme. Ces produits sont issus de la pétrochimie et sont le plus souvent à basse de brome. Comme leur nom l’indique, ils sont utilisés pour diminuer la caractéristique inflammable de matériaux. Leur utilisation a beaucoup augmenté à la fin des années 1970 lorsque les PCB précédemment utilisés ont été interdits en France à cause de leur importante toxicité humaine et environnementale.
Ces retardateurs de flamme sont faciles d’emploi et massivement utilisés dans l’industrie du plastique. Cependant, ils sont très persistants dans l’environnement ; leur capacité de dissémination est d’ailleurs largement prouvée puisqu’on en retrouve dans l’air en… Arctique. Ils ont également tendance à s’accumuler dans la chaîne alimentaire et ont été mis en évidence chez plusieurs espèces animales et également chez l’homme.
Plusieurs études ont montré une influence des retardateurs de flamme bromés sur le système endocrinien, notamment la thyroïde et les fonctions reproductrices. Une première étude de 2010 montrait un passage de ces substances à travers le placenta. Cette semaine, une nouvelle étude (3) a montré que chez le rat, l’exposition de femelles gestantes et allaitantes à des retardateurs de flamme bromés entraînait des effets chez les petits. En effet, les résultats suggèrent des modifications du métabolisme des graisses et du développement cérébral chez les jeunes rats nés de ces femelles exposées.
De nouvelles études sont nécessaires pour comprendre les mécanismes d’action de ces retardateurs de flamme sur la santé. En attendant, certains considèrent que les sels de bore pourraient être une alternative moins nuisible au niveau de l’environnement.
Bibliographie
(1) «Nicotine, aerosol particles, carbonyls and volatile organic compounds in tobacco- and menthol- flavored e-cigarettes»
Lee et al., 27 avril 2017, Environmental Health
(2) Journal officiel, décret n°2017-633 du 25 avril 2017 relatif aux conditions d’usage d’application de l’interdiction de vapoter dans certains lieux à usage collectif
(3) «Gestational and Lactational Exposure to an Environmentally-relevant Mixture of Brominated Flame Retardants : Effects on Neurodevelopment and Metabolism»
Tung et al., 17 avril 2017, Birth Defects Research
A jeudi prochain et d’ici là portez-vous bien !
Le Club des 11 de l’ASEF