Le débrief de l'ASEF du 5 octobre 2017
Bonjour à tous,
Cette semaine, nous vous proposons de faire un gros plan sur les résultats de l’étude de l’Inserm concernant l’exposition prénatale aux perturbateurs endocriniens et ses conséquences sur le comportement des enfants, notamment des garçons entre 3 et 5 ans.
Nous terminerons ensuite ce débrief par une bonne nouvelle, toujours concernant les perturbateurs endocriniens !
Exposition prénatale aux perturbateurs endocriniens et troubles du comportement des enfants
L’Inserm (1) vient de publier les résultats d’une étude épidémiologique sur les familles de la cohorte EDEN (500 garçons nés entre 2003 et 2006 et leur mère) dans la revue Environmental Health Perpectives. Cette étude montre que l’exposition pendant la grossesse à certains phénols et phtalates est associée à des troubles du comportement des garçons entre 3 et 5 ans. Les composés les plus inquiétants sont le bisphénol A, le triclosan et le di-n-butyl phtalate (ou DBP).
Le bisphénol A a été interdit en France dans tous les contenants alimentaires en janvier 2015 (date ultérieure à la réalisation de l’étude). Le triclosan est un agent antibactérien qui entre dans la composition des produits d’hygiène et cosmétiques (dentifrices, déodorants et savons). L’ASEF se mobilise depuis longtemps contre ce biocide organochloré. L’association a signé en juin dernier l’appel de Florence lancé par plus de 200 scientifiques de 29 pays pour bannir le triclosan (cf la synthèse de l’ASEF sur le triclosan). Le DBP, quant à lui, est utilisé comme plastifiant dans les plastiques de type PCV, certaines colles, vernis à ongle et laques pour les cheveux.
Après que des études toxicologiques in vitro chez l’animal ont mis en évidence que ces composés sont des perturbateurs endocriniens, les chercheurs de l’Inserm ont souhaité étudier l’association entre les expositions aux PE pendant la grossesse et le comportement ultérieur des enfants.
L’étude a porté sur 529 petits garçons de la cohorte mère-enfant EDEN, mise en place par l’Inserm. Les femmes enceintes, qui ont participé à cette cohorte, ont été recrutées entre 2003 et 2006 dans les CHU de Nancy et de Poitiers. Au troisième et cinquième anniversaires de l’enfant, les mamans ont rempli un questionnaire standardisé, intitulé « questionnaire des forces et difficultés » de l’enfant, qui évalue certains aspects du comportement de leur enfant, tel que l’hyperactivité, les troubles émotionnels et relationnels. Un échantillon d’urine prélevé pendant la grossesse a permis le dosage de biomarqueurs caractéristique de l’exposition aux phénols et aux phtalates dans le Laboratoire de Santé Environnementale des CDC d’Atlanta, qui est en charge des campagnes de biosurveillance américaines. De 70 à 100 % des femmes étaient exposées à des niveaux détectables de différentes substances. Les niveaux urinaires étaient de l’ordre de 1 à 3 µg par litre pour le bisphénol A, de 10 à 100 µg par litre pour le triclosan et de 50 à 200 pour le méthylparabène.
Les résultats suggèrent que l’exposition maternelle à certains phénols et phtalates est associée à des troubles du comportement des petits garçons. L’exposition au bisphénol A est associée à une augmentation des troubles relationnels à 3 ans et des comportements hyperactifs à 5 ans. Le DBP est, lui, associé à des troubles émotionnels et relationnels, incluant les comportements de repli, à 3 ans, mais pas à 5 pour les troubles émotionnels. Enfin, l’étude montre une association entre le triclosan et une augmentation des troubles émotionnels à 3 et 5 ans.
(1)Un consortium de recherche associant des équipes de recherche Inserm, les CHU de Nancy et Poitiers, le Center for Disease Controls and Prevention (CDC, Atlanta, USA), et coordonné par l’équipe d’épidémiologie environnementale de l’Institut pour l’Avancée des Biosciences (Inserm/CNRS/Université Grenoble Alpes).
Rejet de la proposition de la Commission européenne sur les PE
Nous terminons ce débrief par une bonne nouvelle !
Le parlement européen a rejeté la proposition de la Commission européenne sur les perturbateurs endocriniens. Ce texte ne permet pas en effet de protéger efficacement la santé humaine et l’environnement car il exige un niveau de preuve beaucoup trop élevé avant de pouvoir exclure une substance et prévoit des dérogations à l’interdiction pour de nombreuses substances perturbateurs endocriniens.
Fin juin, l’ASEF a écrit aux ministères de la Santé, de la Transition écologique et solidaire et de l’Agriculture pour alerter sur les insuffisances de la définition proposée par la Commission. (cf lettre du 22 juin 2017)
Après la Commission Environnement du parlement européen le 28 septembre dernier, c’est donc au tour de l’assemblée plénière de rejeter la proposition de la Commission européenne sur les critères des perturbateurs endocriniens (par 389 voix contre 235).
Nous espérons que les nouvelles propositions que fera la Commission européenne permettront de mieux définir les PE présumés et ainsi de mieux protéger la santé.
A jeudi prochain et d’ici là portez-vous bien !
Le Club des 11 de l’ASEF