Le débrief de l'ASEF du 8 juin 2017

Bonjour à tous,

Notre soirée Bio-maman c’est ce soir ! Nous espérons que vous y trouverez toutes les informations que vous recherchez sur la question des polluants pendant la grossesse.

En attendant, quelles sont les nouvelles informations parues cette semaine en matière de santé et environnement ?

De la difficulté de s’entendre sur le glyphosate…

Le glyphosate, un des pesticides les plus utilisés au monde et connu notamment par le biais du Roundup, le produit phare de la société Monsanto, est à nouveau au cœur de la polémique. En effet, des études contradictoires sur les effets de ce composé dans le développement de cancers divisent l’Union Européenne depuis deux ans. Selon les conclusions en mars 2017 de l’Agence Européenne des Produits Chimiques (ECHA), le glyphosate ne devrait pas être classé comme cancérogène. L’agence Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) avait également conclu en novembre 2015 que cette substance ne présentait pas de risque cancérogène pour l’homme. En mars 2015 cependant, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), une branche de l’OMS, avait classé cette substance comme probablement cancérogène, en se basant sur plusieurs études épidémiologiques évoquant un risque accru de lymphome chez les personnes exposées (1). Rappelons que le CIRC se base sur des études indépendantes pour rendre son avis, alors que l’ECHA et l’EFSA utilisent également des études commanditées par les industriels sur leurs produits. Sous couvert du secret industriel, il est actuellement impossible d’accéder aux conclusions de ces études.

Le 16 mai 2017, la Commission Européenne a proposé de renouveler l’autorisation de mise sur le marché du glyphosate pour 10 ans supplémentaires. Mais quatre députés européens ont saisi ce 1er juin la Cour de justice de l’Union Européenne pour accéder aux études utilisées par l’EFSA. La polémique est également alimentée par une lettre du Dr Christopher Portier, un toxicologue américain, transmise à la Commission Européenne le 29 mai 2017 ; selon le chercheur, la réanalyse de plusieurs études met en évidence plusieurs cas de cancer dus au glyphosate, qui n’auraient pas été pris en compte par les agences européennes.

De plus, une enquête menée par le journal Le Monde et publiée le 1er juin 2017 révèle la bataille menée par les géants industriels envers les organismes indépendants tels que le CIRC, le NIEHS américain (National Institute of Environmental Health Science) et l’institut italien Ramazzini.

L’affaire sur le glyphosate est donc loin d’être terminée. En sus de ses effets sur le développement de cancers, cette substance est également suspectée d’être un perturbateur endocrinien.

Thé et changements épigénétiques

Vous aimez le thé ? Cela pourrait être une bonne nouvelle pour vous… En effet, une étude parue très récemment établit que le thé pourrait entraîner des changements épigénétiques (2). Pour faire simple, l’épigénétique, ce sont des mécanismes moléculaires qui modulent l’expression des gènes en fonction du contexte. Alors que la génétique correspond à l’étude des gènes, l’épigénétique va donc s’intéresser à des fonctions supplémentaires définissant comment ces gènes vont être activés par une cellule ou non.

Il est connu depuis plusieurs années que les habitudes de vie, comme l’alimentation et l’activité physique, et l’exposition à plusieurs substances peuvent modifier l’activité de certains gènes. Le thé avait déjà été suggéré comme pouvant avoir un effet suppresseur de tumeurs, anti-inflammatoire et influencer le métabolisme hormonal.  Dans cette nouvelle étude, quatre cohortes européennes ont été étudiées, correspondant à plus de 3000 patients. Les hommes et les femmes ont été étudiés séparément. Les résultats ont montré que chez les femmes, la consommation de thé influait sur l’épigénétique, au niveau de gènes impliqué dans le métabolisme des œstrogènes et le cancer. En revanche, aucune modulation de l’activité génique n’a été retrouvée chez les hommes. De même, il a été montré que la consommation de café n’avait aucun effet épigénétique.

Attention cependant pour les amateurs de thé, celui-ci diminue la fixation du fer pendant environ 45 minutes. Buvez-le donc plutôt à distance des repas et si vous prenez du fer, ne l’avalez pas en même temps que votre tasse de thé !

Bibliographie

(1) Evaluation of five organophosphate insecticides and herbicides
IARC monographs volume 112, mars 2015

(2) Tea and coffee consumption in relation to DNA methylation in four European cohorts
Ek et al., Human molecular genetics, mai 2017

A jeudi prochain et d’ici là portez-vous bien !

Le Club des 11 de l’ASEF

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