Les brèves de l'ASEF- 15 MAI 2020
Bonjour à toutes et à tous,
Nous allons prendre de la hauteur pour ces nouvelles brèves puisque nous vous invitons à embarquer sur le grand ballon captif Generali. Vous ferez la connaissance de Jérôme Giacomini, président du groupe Aérophile, en charge du ballon. Puis, Jean-Baptiste Renard, chercheur au CNRS, vous résumera une de ces dernières publications faite grâce aux capteurs présents sur le ballon Generali. Retour sur plusieurs dernières études en lien avec l’actualité Covid-19 et enfin la dernière lettre envoyée à plusieurs ministères sur le concept de One Health. Bonne lecture !
Aérophile et le ballon Generali au service de la qualité de l’air
« Ingénieurs diplômés de l’Ecole Polytechnique, nous avons créé AEROPHILE en 1993 sur l’idée de permettre à tous de voler pour un prix raisonnable grâce à un Grand Ballon Captif. En 1999, nous avons eu l’opportunité d’en installer un à Paris pour célébrer l’An 2000. En 2008, nous sommes venus peu à peu aux problématiques de qualité de l’air en voulant rendre les informations données par le ballon de Paris utile à tous. Nous avons alors découvert l’ampleur du problème sanitaire et avons essayé au maximum d’utiliser le ballon à la fois comme outil visible de lutte pour une meilleure qualité de l’air mais aussi de l’utiliser comme laboratoire volant grâce à sa capacité de réaliser une véritable carotte de l’air de 0 à 300 mètres. Nous avons ainsi eu l’opportunité de travailler avec plusieurs laboratoires du CNRS qui y ont installé des instruments de mesure et avons formé avec le CNRS, la Ville de Paris, le groupe d’assurance GENERALI et l’ASEF, un groupe de compétence sur le sujet à la fois avec un rôle scientifique et un objectif civique de sensibilisation. »
Jérôme Giacomini
Président Groupe Aérophile
Le LOAC qui transforme un ballon captif en un laboratoire volant? par Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au CNRS
La pollution atmosphérique par les particules fines (PM10, PM2.5 et PM1) représente un enjeu sanitaire important, ce qui nécessite des mesures en continu de la concentration de ces particules, notamment pour les plus petites d’entre elles.
Le mini-compteur d’aérosols LOAC [1] est une nouvelle approche pour compter ces particules pour 19 gammes de tailles entre 0,2 et 50 µm, et pour fournir une indication sur leur nature. Cette approche permet de compléter les mesures normatives en concentrations massiques fournies par les réseaux de qualité de l’air, qui ne donnent pas d’informations sur les particules les plus petites.
LOAC est installé sur la nacelle du ballon touristique « Ballon de Paris Generali » dans le Parc André Citroën dans le sud-ouest de Paris. Les mesures sont effectuées en permanence, lorsque le ballon est au sol et en vol jusqu’à 150 m d’altitude et parfois 300 m. L’évolution verticale de la concentration en particules et leur réparation en taille dépend, outre des conditions météorologiques, de la nature de la pollution : activité routière et industrielle, conséquence des épandages agricoles, sables saharien transportés.
Alors que la concentration en particules plus grosses que 1 µm décroit avec l’altitude, celles plus fines ont une concentration quasi constante avec l’altitude, ce qui montre qu’elles peuvent être aisément verticalement transportées et donc être dispersées sur de grandes distances.
LOAC a aussi montré que lors des forts épisodes de pollution hivernale, provenant de situations météorologiques anticycloniques, la pollution pouvait être confinée verticalement sur les 200 premiers mètres, avec des quantités de particules entre 0,2 et 1 µm de plusieurs millions par litre, contre quelques dizaines de milliers lors des situations de faible pollution. [2]
Jean-Baptiste Renard.
Directeur de recherche au CNRS.
Transmission du Covid-19 par voie aéroportée et l’intérêt du port du masque…
Plusieurs études récemment publiées, comme celle publiée dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health, [3] soutiennent l’hypothèse de transmission du virus sur une distance de 2 mètres d’une personne infectée. Les chercheurs ont prouvé la stabilité plus élevée des aérosols et des surfaces de SARS-COV-2 par rapport au SARS-COV-1 (avec le virus restant viable et contagieux dans les aérosols pendant des heures) et que la transmission aérienne du SARSCoV peut se produire en plus des contacts à courte distance. En effet, il existe des preuves raisonnables d’une possible transmission aérienne du SARS-COV-2 en raison de sa persistance dans les gouttelettes d’aérosol. Sur la base des connaissances disponibles et des observations épidémiologiques, il est plausible que de petites particules contenant le virus puissent se propager dans des environnements intérieurs couvrant une distance jusqu’à 10 mètres des sources d’émission, représentant ainsi une sorte d’aérosol. Des études sur le terrain menées à l’intérieur des hôpitaux de Wuhan ont montré la présence d’ARN SARS-COV-2 dans des échantillons d’air prélevés dans les hôpitaux et également dans les environs, conduisant à la conclusion que la voie aérienne doit être considérée comme une voie importante de diffusion virale.
Cette distanciation de deux mètres peut être raisonnablement considérée comme une protection efficace uniquement si tout le monde porte des masques dans les activités de la vie quotidienne.
Les études foisonnent sur le lien entre pollution de l’air et le taux de mortalité par le Covid-19 comme celle de la Harvard TH Chan School of Public Health [4] qui révèle qu’une personne vivant pendant des décennies dans une région touchée par la pollution aux particules fines est 8% plus susceptible de mourir du COVID-19 qu’une personne vivant dans une région qui ne compte qu’une seule unité (un microgramme par mètre cube) de moins de pollution.
Enfin, une étude publiée le 13 mai dans PNAS [5] a montré que les micro-goutelettes de salive générées par la parole pourraient être des vecteurs de transmission du nouveau coronavirus. D’après des observations de diffusion de la lumière laser très sensibles, il a été révélé que la parole forte peut émettre des milliers de ces micro-gouttelettes par seconde. Elles pourraient rester en suspension entre 8 et 14 minutes dans un espace confiné. Cela confirmerait la probable transmission du virus par la parole normale dans des environnements confinés. D’où l’intérêt de bien aérer chez soi, au bureau…et de porter un masque !
LETTRE AUX MINISTRES – « ONE HEALTH »
Le 7 mai dernier, l’ASEF, Humanité et Biodiversité , FNE et la Fédération des syndicats des vétérinaires de France, avons envoyé une lettre commune à M. Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, à Mme Elisabeth Borne, ministre de la Transition Écologique et Solidaire, et à M. Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, au sujet de la nécessaire prise de conscience du concept de « One Health » qui rallie la santé humaine, animale et des écosystèmes, pour préparer les défis sanitaires de demain.
Petit point agenda :
Le congrès « Un autre regard sur le cancer », organisé par le Centre Ressource, initialement prévu le 30 mai a été reporté au Samedi 5 décembre, à Aix-en-Provence.
Pour vous inscrire : https://www.atoutcom.com/portfolio/uarc/
L’ASEF soutient l’Appel des Coquelicots qui demande l’interdiction de tous les pesticides de synthèse: https://nousvoulonsdescoquelicots.org/l-appel/
SOURCES
[1]LOAC : Light Optical Aerosol Counter
[2] “Vertical Profiles of Pollution Particle Concentrations in the Boundary Layer above Paris (France) from the Optical Aerosol Counter LOAC Onboard a Touristic Balloon” https://www.researchgate.net/publication/339381206_Vertical_Profiles_of_Pollution_Particle_Concentrations_in_the_Boundary_Layer_above_Paris_France_from_the_Optical_Aerosol_Counter_LOAC_Onboard_a_Touristic_Balloon
[3] “Airborne Transmission Route of COVID-19: Why 2 Meters/6 Feet of Inter-Personal Distance Could Not Be Enough”, Leonardo Setti, Fabrizio Passarini, Gianluigi De Gennaro, Int. J. Environ. Res. Public Health 2020, 17, 2932; doi:10.3390/ijerph17082932, https://www.mdpi.com/1660-4601/17/8/2932
[4] “Exposure to air pollution and COVID-19 mortality in the United States: A nationwide cross-sectional study”, Xiao Wu MS, Rachel C. Nethery PhD, M. Benjamin Sabath MA et al, 24.4.20, Harvard TH Chan School of Public Health, https://projects.iq.harvard.edu/covid-pm
[5] “The airborne lifetime of small speech droplets and their potential importance in SARS-CoV-2 transmission”, Valentyn Stadnytskyi, Christina E. Bax, Adriaan Bax et al., 13.5.20, PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America), https://www.pnas.org/content/early/2020/05/12/2006874117
A bientôt pour les prochaines brèves.
Prenez soin de vous et de vos proches et restez chez vous!
Le Club des 10 de l’ASEF