Les brèves de l'ASEF - 23 septembre 2022

Bonjour à toutes et à tous,

Reprise tardive des brèves mais nous voici de retour en ce premier jour de l’automne pour vous informer de nos activités et de l’information en santé environnementale vue sous l’angle de nos membres.


N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques et suggestions en réponse à ce mail ! Merci de votre participation.


Au menu de ces brèves :
– Nous accueillons et saluons notre nouveau prestigieux soutien, l’école des Mines Paris – PSL.
– Nous reviendrons sur l’actualité de la fin de l’été : les substances toxiques dans les fournitures scolaires avec l’analyse du Dr Jean Lefèvre.
– Une étude sur la relation mortalité au covid et pollution de l’air dans 6 pays d’Europe de l’Ouest vue par Dr Pierre Souvet.
– Et la dernière tribune du collectif du CISE soutenue par l’ASEF, pour une sortie totale des pesticides de synthèse d’ici 5 ans.

Bonne lecture,
Prenez bien soin de vous et de vos proches.

 

L’école des Mines Paris – PSL soutient l’ASEF

 

Dans la dernière étude consacrée à l’impact global de toutes les formes de pollution sur la santé humaine publiée en mai dernier dans « The Lancet Planetary Health », leurs auteurs alertaient sur de tristes réalités : 9 millions de personnes meurent chaque année dans le monde à cause de la pollution, parce qu’elles sont exposées à un air, une eau ou des sols contaminés par des substances toxiques. Un décès sur 6 (16%) est ainsi attribuable à la pollution, ce qui en fait le facteur de risque environnemental n°1 en termes de maladies et de décès prématurés : c’est 3 fois plus que les morts cumulés des suites du sida, de la tuberculose et du paludisme ! Comme pour le climat et l’impact du réchauffement climatique, ce sont malheureusement les pays pauvres qui en paient le plus lourd tribut : plus de 9 décès sur 10 sont concentrés dans des pays à revenus faibles et moyens.

L’école des mines de Paris, engagée au service d’un monde plus durable, au travers de ses activités de recherche et de formation, est fortement sensibilisée à cette question. Le Certificat « Environnement & Santé » que nous proposons dans le cadre de l’Executive Education en est une manifestation et nous sommes honorés et ravis que l’ASEF ait accepté d’intervenir dans cette formation visant à mieux appréhender les enjeux santé – environnement.

De ce fait, apporter notre soutien à l’ASEF n’est que la suite logique de notre engagement et du partenariat initié avec l’ASEF sur cette formation, ainsi que sur d’autres d’ailleurs, qu’il s’agisse de la formation de nos ingénieurs civils ou de celle de praticiens hospitaliers et cadres de santé en activité.

Laurent Amice, directeur Ecole des Mines Paris – PSL

Que Choisir met à jour son enquête de 2016 sur les produits toxiques dans les fournitures scolaires : encore trop de mauvais élèves !

@iStock

 

En 2016, la revue QUE CHOISIR a publié une enquête sur la présence de produits toxiques dans les fournitures scolaires. [1] L’ANSES, en mai 2022, s’est auto-saisie du même sujet dans le but de réaliser un état des connaissances sur la présence ou l’émission de substances dangereuses dans les fournitures scolaires et de bureau et leur impact éventuel sur la santé. Elle s’appuyait sur le système européen d’alerte rapide pour les produits dangereux non alimentaires (Safety Gate), les enquêtes d’associations de consommateurs (UFC, 60 millions de Consommateurs) sur des organismes institutionnels (DGCCRF, Danish.Environmental Protection Agency ou Danish EPA), la littérature scientifique. [2]

Le 28 aout 2022, QUE CHOISIR a renouvelé son enquête afin d’apprécier une éventuelle évolution depuis 2016. [3]

Ces deux enquêtes récentes ne sont pas particulièrement rassurantes, montrant d’une part la fréquence non diminuée de la présence de substances toxiques dans ces fournitures et d’autre part le nombre insuffisant d’études relatives à ce sujet malgré la fréquence de cette exposition. Selon QUE CHOISIR, 40% des fournitures testées contenaient des composants cancérogènes, allergisants ou perturbateurs endocriniens.

L’étude de QUE CHOISIR portait sur les stylos billes, les cartouches d’encre pour stylos à plumes, les stylos rollers et stylos gels effaçables, feutre et crayons de couleurs. Les produits sélectionnés étaient les références de la grande distribution et les marques les plus connues.

L’étude de l’ANSES étudiait de plus les produits de papeterie, les colles et les peintures.

Les substances recherchées dans l’enquête de QUE CHOISIR étaient :

UFC Que Choisir

Plusieurs familles de substances chimiques dangereuses ont été identifiées dans l’étude de l’ANSES :

  • les phtalates ;
  • les composés organiques volatiles (COV) dont le formaldéhyde, le chloroforme, le toluène ;
  • des nitrosamines ;
  • le benzène ;
  • les métaux lourds comme le chrome hexavalent, le cadmium, le nickel ou le plomb ;
  • les perfluorés (PFAS),
  • les colorants ;
  • le bisphénol A ;
  • les isothiazolinones et autres conservateurs ;
  • les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ;
  • les substances parfumantes.

Les résultats de l’enquête montrent la présence de nombreux produits toxiques en particulier dans les stylos à bille dont aucun ne trouve grâce aux yeux des auteurs. Pour les cartouches d’encre, seule l’encre Schneider est dénuée d’allergisants ; les stylos rollers et gels effaçables sont trouvés riches en allergisants et PE dont le MIT et le BIT, en dehors du roller effaçable noir de Carrefour. Pour les surligneurs, les moins toxiques se retrouvent dans la grande distribution. Parmi les feutres de coloriage, seuls ceux de marque «Kids Creative Double Tip» sont déconseillés en raison de la présence d’allergènes (Isothiazolinones) dans leur encre. Pour les crayons de couleurs, seuls les crayons Cultura sont déconseillés, ceux de marque Bic et Faber Castell se montrant par contre exempts de produits à risque.

Les problèmes soulignés par l’article de QUE CHOISIR et la publication de l’ANSES sont la difficulté, lors de l’achat, de différentier le produit sans risque de celui problématique pour la santé. En effet la règlementation CLP (Classification, Etiquetage, Emballage), soutenue par l’ECHA (Agence Européenne des produits chimiques) est facultative pour les industriels. Une référence n’affichant rien peut donc se révéler plus nocive que celle portant un avertissement de risque.

L’UFC QUE CHOISIR ainsi que l’ANSES, appellent donc à imposer le volet « Substances Chimiques » de la règlementation européenne s’appliquant aux jouets et recommande de considérer tous les instruments d’écriture comme des « combinaisons d’articles et des mélanges » ce qui obligera les fabricants à appliquer le règlement CLP.

La coordinatrice de l’expertise de l’ANSES, Céline Dubois, conclut ainsi cette expertise :

« En attendant la mise en place d’une telle évolution réglementaire, je conseillerais aux consommateurs de privilégier les fournitures ne contenant ni substances parfumantes, ni paillettes ou autre artifice, pouvant induire des comportements détournés par les enfants, tels que le « machouillage », voire l’ingestion. »

Enfin une sensibilisation et une éducation adaptée à l’âge de l’enfant semblent aussi indispensables.

Dr Jean Lefèvre, cardiologue et porte-parole de l’ASEF.

La mortalité due au Covid nettement accentuée dans les villes polluées

 

La lutte contre la pollution de l’air est plus que jamais un enjeu majeur.

Des chercheurs avec qui nous travaillons comme Jean Baptiste Renard (CNRS), Isabella Annesi Maesano (INSERM) ou Gilles Dixsaut, ont conduit une étude analysant la relation mortalité au covid et pollution de l’air dans 6 pays d’Europe de l’Ouest (France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Espagne, Royaume-Uni), pour la période 2020-2022. [4]

Une corrélation est qualitativement trouvée entre pollution aux particules fines PM2,5 et mortalité liée au Covid-19. 

Les valeurs de mortalité les plus élevées se sont produites pendant les pics de pollution avec comme exemple notamment Paris ou chaque pic de pollution supérieur à environ 20 μg.m −3qui dure plus d’une semaine sont suivies d’une augmentation locale de la mortalité liée au Covid-19.

Une tendance quasi linéaire avec un facteur 5,5 ± 1.−3 est trouvé en considérant toutes les données. 

Ceci conduit à une augmentation de 10,5 ± 2,5 % de la mortalité par 1 μg.m −3 de PM2.5.

Cette tendance dépend de la période d’analyse et diminue avec le temps (première diffusion de la pandémie au printemps 2020, période mi-2020 – mi 2021 où la pandémie a été mieux gérée, et après l’introduction vaccinale après mi-2021).

Plusieurs hypothèses sont proposées pour expliquer ces résultats :

  • Irritation des voies respiratoires due aux PM 2.5 favorisant la pénétration de tous les virus et bactéries aéroportés ( OMS (Organisation Mondiale de la Santé), 2016 ). 
  • La circulation systémique des particules dans la circulation sanguine constitue un facteur irritant supplémentaire pour les parois vasculaires qui explique la relation entre la pollution particulaire et les pathologies cardiovasculaires (en particulier l’embolie pulmonaire), aussi bien à court terme qu’à long terme pouvant expliquer une plus grande sensibilité des personnes aux virus aéroportés, mais aussi une plus grande sévérité de ces pathologies, dont la mortalité est essentiellement pulmonaire, par des micro-embolies pulmonaires disséminées.
  • Facilitation de la pénétration du virus ( Bourdrel et al., 2021 ) augmente la perméabilité dans les voies respiratoires par les particules fines et ultra fines.
  • Transport par des particules ambiantes du Covid 19 (données supplémentaires nécessaires pour confirmer ces analyses).
Évolution temporelle de la pollution PM2,5 et de la mortalité pour la période 2020-2022 à Paris (France) ; l’erreur PM2,5 est de l’ordre de ±2,5 μg.m -3 .
Evolution de la mortalité Covid-19 vs. la pollution PM2.5 divisée par la première valeur de chaque courbe, pour toutes les données et pour les 3 périodes ; l’erreur PM2,5 est de l’ordre de ±2,5 μg.m -3

Dr Pierre Souvet, cardiologue et président de l’ASEF

Tribune du CISE : « nous ne pourrons plus dire que nous ne savions pas ».

@IStock

Quatre-vingts associations (dont l’ASEF), collectifs et syndicats réclament mardi 20 septembre, dans une tribune publiée sur le site de Franceinfo [5], « une sortie totale des pesticides de synthèse d’ici cinq ans ».

« Nous, associations, collectifs et syndicats, répondons à l’alerte lancée par l’association Avenir santé environnement et unissons nos voix pour exiger ensemble une transition agricole vers un modèle plus résilient, impliquant une sortie des pesticides de synthèse. Il en va de notre santé collective, de la santé de nos générations futures et de la sauvegarde de notre biodiversité. »

 

LIRE LA SUITE DE LA TRIBUNE

 

AGENDA

Les 23, 24 septembre Journées dédiées à la santé environnementale organisées par FMC ActioN à Nantes. Le 23, Dr Bourdrel parlera de la pollution de l’air intérieure et extérieure. Le 24, Dr Souvet abordera d’abord le réchauffement climatique et les maladies émergentes ; puis l’après-midi, les perturbateurs endocriniens. INSCRIPTIONS

Du 27 au 29 septembre, salon Preventica à Lyon avec l’intervention de Pierre Souvet sur « les grands enjeux de l’environnement dans l’entreprise ». INSCRIPTIONS

Le 28 septembre, colloque « Santé & environnement : grand angle pour la prévention », en distanciel, gratuit, par la revue Pharmaceutiques. INSCRIPTIONS