Les brèves de l'ASEF du 06 décembre 2019
Bonjour à toutes et à tous,
Au menu de ces brèves, retour sur le rapport parlementaire sur les perturbateurs endocriniens dans les contenants en plastique sorti le 5 décembre 2019. Et un mot sur le scandale du « Phonegate ». Bonne lecture !
Un pas en avant avec la sortie du rapport parlementaire sur les PE présents dans les contenants en plastique – l’ASEF auditionnée
Voici les réponses apportées par l’ASEF lors de son audition pour cette mission d’information commune sur les perturbateurs endocriniens présents dans les contenants en plastique.
Dans la littérature scientifique, il ressort que toutes les forme de plastiques sont présentes dans l’organisme et proviennent soit directement de produits alimentaires comme les produits de la mer notamment, soit du transfert des produits chimiques ajoutés intentionnellement ou non intentionnellement des contenants vers les aliments lors des processus de fabrication ou de packaging.
Deux études de 2018 et 2019 viennent confirmer la présence ubiquitaire de ces plastiques dans l’environnement et dans le corps humain comme nous l’avions déjà évoqué lors de précédentes brèves.
La première [1] démontrait que les microplastiques pouvaient être nocifs par bioaccumulation (provoquant des immunoréactions locales) ou pouvaient servir de vecteur pour d’autres produits chimiques.
La deuxième [2], quant à elle, affirmait que lorsqu’on nous consommions de l’eau en bouteille, nous ingérions plus de 90 000 microplastiques supplémentaires par an, contre 4 000 pour ceux qui ne consomment que de l’eau du robinet.
Nous rajouterons que nous sommes envahis par ces microplastiques comme le témoigne la mission de recherche scientifique « Microplastiques 2019 » mise en place par la Fondation Tara Océan. Le plastique est omniprésent dans tous les fleuves où a fait escale la goélette Tara. 100 % des 2 700 échantillons, contiennent des microplastiques (particules inférieures à 5 millimètres). La mauvaise nouvelle est que la plupart des plastiques récoltés sont déjà fragmentés lorsqu’ils atteignent la côte. Il est estimé, par ailleurs, que 10 % du contenu de nos poubelles finissent en mer. Lorsque nous consommons une portion de moules, nous pouvons ingérer jusqu’à 300 particules de plastique rapporte enfin Jean-François Ghiglione, directeur de recherche CNRS au Laboratoire d’océanographie microbienne (Lomic) de Banyuls sur Mer (PyrénéesOrientales) et directeur scientifique de cette mission de recherche. [3]
Le Collectif Cantine Sans Plastique nous avait posé la question de la dangerosité du transfert des huiles minérales dans le contenu de l’assiette. Rappelons que le terme d’ « huile minérale » est attrayant mais elles sont en fait utilisées comme lubrifiant pour moteur ! Aucune étude sur la toxicité des huiles pour moteurs consommés par les enfants en l’occurrence ne peut éthiquement être proposée ; nous n’avons donc pas la preuve absolue que les effets hépatiques, voire cancérigènes de ces huiles (POSH, MOSH) vont altérer la santé de ces derniers. Mais la raison doit évidemment l’emporter : Accepteriez-vous que votre enfant ingère ces contaminants alors que l’on peut faire autrement !?
Les procédés de substitution existent : évidemment le verre, l’inox qui sont inertes et sont à privilégier. Certains autres comme le bambou ou des plastiques biosourcés doivent être évalués, notamment en recherchant la présence d’additifs utilisés pour leur fabrication ou la présence de produits de dégradation toxiques.
L’exemple des bisphénols est édifiant. Beaucoup d’études ont concerné le bisphénol A et ont conduit à son interdiction ; encore faut-il que des contrôles suffisants aient lieu pour démontrer que cette interdiction est bien respectée, ce qui n’est pas le cas.
Les autres bisphénols ont continué à être autorisés, alors que l’ensemble des bisphénols ont une activité perturbatrice endocrinienne. On s’aperçoit que les bisphénols S F et B s’annoncent tout autant dangereux.
Le constat et les recommandations de l’ASEF
A ce jour, il n’y a pas de formation solide sur ce sujet lors du cursus universitaire et la formation continue est très insuffisante ! Cette année, l’ASEF aux côtés des URPS médecins et URPS sage femmes, avons monté une action « formation de formateurs », soutenue par l’ARS PACA, pour aller plus facilement diffuser l’information dans les départements auprès des professionnels de santé
Ce type d’action doit se généraliser au niveau national, tant par une action avec les URPS, mais aussi au sein des CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé), et bien évidemment lors du cursus universitaire, pour laquelle nous nous heurtons à des freins (débats du groupe formation information du PNSE4).
Les actions nationales doivent être multi cibles et multi actions :
- Formation des professionnels de santé ;
- Evaluation de l’effet perturbateur endocrinien des produits avant leur mise sur le marché (axes oestogénique et androgénique, thyroïdien, métabolique) ;
- Formation des populations, campagnes médiatiques ;
- Formation des élus et des agents des collectivités ;
Un autre relais à développer auprès des populations, pour la prise en compte des conseils de prévention sont les entreprises et l’éducation nationale.
La France doit porter au niveau européen, comme elle s’y est engagée, une définition plus protectrice vis-à-vis des perturbateurs endocriniens.
Nous demandons une gouvernance renforcée par le Groupe Santé Environnement, sous la tutelle de l’Anses par exemple et qui serait un véritable parlement de la santé environnement.
La véritable question est la suivante : « pourquoi se contaminer inutilement par des produits ? ». Si l’on s’en tient uniquement à l’approche mono produit-mono effet, on s’exonère de l’approche exposome qui s’impose.
La conclusion du rapport confirme les recommandations de l’ASEF à savoir qu’ « il convient de limiter au maximum les contaminations par ces substances, tout particulièrement dans les fenêtres sensibles que sont la grossesse, et dans une moindre mesure, l’enfance et l’adolescence ».
Le scandale du « Phonegate » par Alain Collomb, médecin généraliste et président de l’ASEP
Dès le début des années 2000, les associations concernées (ASEF, Robin des toits, Priartem…) mettaient en garde contre les risques sanitaires de la téléphonie mobile et avaient demandé l’établissement d’une norme concernant le D.A.S. (débit d’absorption spécifique) des appareils mobiles.
Le scandale actuel, soulevé par le magazine Marianne [4], dans une lettre ouverte à plusieurs ministres dont la ministre de la santé, Mme Buzyn, appelé le scandale du «phonegate», révèle que ces normes concernant le D.A.S ne sont pas respectées, exposant, ainsi, les utilisateurs à un risque accu.
Dans le même temps, Santé Publique France révélait l’augmentation importante, quatre fois plus en 2018, des glioblastomes, tumeurs cérébrales très agressives, dont l’OMS, entre autres, soupçonne fortement le lien avec les ondes émise par les portables.
La norme du DAS, au niveau de la tête est limitée à 2W/kg. On ne saurait trop appuyer sur la nécessité de bien vérifier ce D.A.S lors d’un achat de mobile.
Avant de clore ces brèves, nous vous rappelons que l’ASEF soutient l’Appel des Coquelicots qui demande l’interdiction de tous les pesticides de synthèse: https://nousvoulonsdescoquelicots.org/l-appel/
Petit point agenda :
Le 6 décembre à 19h30, Dr Alain Collomb, médecin généraliste et président de l’ASEP, donnera une conférence sur « Les effets des ondes électromagnétiques sur la santé » à l’Auditorium de Salon-de-Provence, pour l’association « A nos ondes ». Pour plus d’informations, contactez l’association anosondes.13300@orange.fr ou consultez leur blog http://a-nos-ondes-pays-salonais.eklablog.com.
Le 17 décembre à 19h30, (salle de réunion, 2ème étage du Bâtiment B5) l’Hôpital privé Marseille Beauregard accueille l’ASEF pour une intervention sur les dangers des perturbateurs endocriniens et comment agir pour s’en protéger. Ouvert au public.
Notez qu’il reste encore quelques places pour une formation éligible au DPC sur « les bienfaits des jardins thérapeutiques au cours de la maladie d’Alzheimer et leur aménagement pratique » au CHRU de Nancy, en février (dates à confirmer). Pour plus d’informations, cliquez ICI
Nous vous donnons rendez-vous dans 2 semaines pour les prochaines brèves.
D’ici là portez-vous bien,
Le Club des 10 de l’ASEF
SOURCES
[1] Schwabl, P. et al (2018), Assessment of microplastic concentrations in human stool – Preliminary results of a prospective study, Presented at UEG Week 2018 Vienna, October 24, 2018 https://www.umweltbundesamt.at/fileadmin/site/presse/news_2018/UEG_Week_2018_-_Philipp_Schwabl_Microplastics_Web.pdf
[2] Human Consumption of Microplastics, Kieran D. Cox*, Covernton,Davies et al. Environ. Sci. Technol. Juin 2019. https://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/acs.est.9b01517
[3] « Le plastique est omniprésent dans les fleuves français », entretien du chercheur Jean-François Ghiglione, propos recueillis par Martine Valo, Le Monde, 23 novembre 2019
[4] « Les téléphones portables mettent en danger la santé des citoyens ! », Tribune collective, Marianne, 8 novembre 2019