Les brèves de l'ASEF du 25 octobre 2019
Bonjour à toutes et à tous,
Cette semaine, les brèves sont consacrées à une édition un peu spéciale. En effet, l’ASEF a souhaité apporter son éclairage sur un événement récent, qui a marqué l’actualité et soulève plusieurs problématiques de santé publique et de politique industrielle: l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen.
Bonne lecture !
Incendie de Lubrizol:
nécessité d’une surveillance épidémiologique et d’une législation renforcée
Vendredi 27 septembre 2019, l’usine de Lubrizol à Rouen était en proie aux flammes. Ce violent incendie a partiellement ravagé l’usine, ainsi qu’un hangar attenant, dans lequel étaient stockés des produits utilisés pour la fabrication d’additifs chimiques pour lubrifiants, carburants et peintures industrielles. Cet événement suscite, encore aujourd’hui, l’inquiétude de nombreuses personnes. Mais surtout, il soulève des problèmes majeurs de santé publique et de politique industrielle qu’il serait dangereux de sous-estimer.
En 2017, Lubrizol avait en effet généré près de 10.000 tonnes de déchets dangereux.
Ainsi, deux aspects sont préoccupants.
Il s’agit, d’une part, des problèmes induits par l’accident lui-même. Lors de l’incendie, de grandes quantités de fumées ont été émises. Composées essentiellement de suie, elles transportaient de nombreuses substances toxiques : hydrocarbures aromatiques polycycliques, dioxines, métaux lourds, amiante, etc. Ces substances se sont déposées sur les sols, les végétaux, dans l’eau, exposant ainsi les populations, et les animaux (et donc leur viande et leur lait), vivants dans les zones les plus touchées.
Dans les heures qui ont suivi l’incendie, des perturbations du bilan hépatique (augmentation des transaminases) ont même été constatées chez un certain nombre de pompiers qui sont intervenus sur les lieux.
Cette pollution rémanente, difficile, à quantifier, nécessite certainement des précautions et une surveillance systématique sur le court, moyen et long terme qu’il serait dangereux de négliger.
D’autre part, comme le souligne un collectif de scientifiques, de médecins et de professionnels de santé dans une tribune relayée dans le journal Le Monde [1] et, les risques à moyen et courts termes engendrés par les émissions de polluants quotidiennes des industries de ce type sont très préoccupants. Cette tribune, à laquelle l’ASEF a participé [2], dénonce également les risques entraînés par le régime de l’auto-surveillance et de l’auto-déclaration, déjà généreux, auquel les pouvoirs publics, tendant à devenir permissifs, accordent des dérogations permettant :
– l’entreposage de produits en qualité bien plus importante que ce qui était auparavant autorisé,
– le dépassement des rejets dans l’atmosphère.
S’ajoute à cela de très nombreuses négligences au niveau de la sous-traitance qui semble insuffisamment contrôlée.
Nous conclurons donc sur la nécessité de faire preuve d’une extrême vigilance en matière de contrôle et de législation des industries et installations classées. Il est essentiel de ne pas relâcher les critères de surveillance et de qualité sous des prétextes économiques.
Enfin, une surveillance épidémiologique, clinique et biologique, à long terme, à l’image de celle pratiquée pendant plus de 40 ans à Seveso pour les personnes exposées, semble absolument indispensable.
Rappelons qu’à Seveso une augmentation de l’incidence de cancers et hématopoïétiques, en corrélation avec les dosages de dioxine dans le sang [3], une augmentation des maladies cardio-vasculaires et des affections thyroïdiennes ont été constaté 32 ans après l’explosion. L’augmentation des cancers n’ayant pas pu être constatée avant la 20e année suivant le drame.
Avant de clore ces brèves, nous vous rappelons que l’ASEF soutient l’Appel des Coquelicots qui demande l’interdiction de tous les pesticides de synthèse: https://nousvoulonsdescoquelicots.org/l-appel/
Petit point agenda :
Le 7 Novembre, l’ASEF et Gueriduncancer participeront à la cérémonie de remise des labels E3D organisée par le Département des Bouches-du-Rhône.
Le 7 novembre également, le Dr Pierre Souvet sera à Martigues afin de participer à la conférence du CEMAC sur la pollution de l’air.
Le 20 novembre, l’ASEF sera à Paris afin d’assister à un comité interministériel sur l’antibiorésistance.
Le 28 novembre, l’ASEF ira à la rencontres des internes de médecine et parlera des perturbateurs endocriniens. Cet événement est organisé par l’URPS PACA.
Nous vous donnons rendez-vous le 8 novembre 2019 pour les prochaines brèves,
D’ici là portez-vous bien,
Le Club des 10 de l’ASEF
SOURCES
[1]https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/18/incendie-de-rouen-l-autre-risque-de-pollution-potentiellement-bien-plus-dangereux-concerne-les-emissions-quotidiennes-de-ces-industries_6015949_3232.html
[2]https://www.asef-asso.fr/actualite/incendie-de-lubrizol-a-rouen-lasef-et-le-collectif-air-climat-sante-appellent-a-la-vigilance-et-a-plus-de-transparence-de-la-part-des-industriels/?back=ok&filter=0 ;
[3]https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412018313928?via%3Dihub