Les brèves de l'ASEF du 4 avril 2019

Bonjour à toutes et à tous,

Au menu de ces brèves : la lettre adressée par Dr Pierre Souvet, président de l’ASEF, aux ministres Mme Buzyn et M.De Rugy, suite à la réunion du Groupe Santé environnement à Paris du 21 mars, et les dernières actualités de santé environnementale. Bonne lecture !

SANTE ENVIRONNEMENT ET PNSE 4

« Je souhaite vous interpeller sur cet enjeu majeur et éminemment transversal dans les politiques publiques qu’est la santé environnementale.

L’Association Santé Environnement France, qui n’est composée que de professionnels de santé, œuvre depuis 12 ans sur la Santé Environnementale, qui est devenue un enjeu majeur de santé publique.

A titre d’exemple, l’évaluation récente de la seule surmortalité en France due à la pollution de l’air est estimée à 67 000 morts [1], et l’OMS évalue dans deux rapports publiés en 2006 [2] et 2016 [3], que 23 % de la mortalité prématurée globale et 26 % de la mortalité infantile (enfants de moins de cinq ans), ainsi que 24 % de la morbidité (« années de vie en bonne santé perdues ») sont liés à des causes environnementales.

L’ASEF, exclusivement composée de professionnels de santé, a déjà réalisé des actions à grande visibilité comme :

  • une étude d’imprégnation aux PCB chez les consommateurs de poissons du Rhône [4],
  • une étude de la qualité de l’air dans les crèches dès 2009 [5],
  • le premier colloque santé-climat [6], et récemment
  • un guide « comment protéger ses patients de la contamination chimique et des perturbateurs endocriniens » en association avec l’union régionale des professionnels de santé médecins libéraux PACA (URPS ML PACA) [7].

A noter que ce guide de formation pour les professionnels de santé a été diffusé à l’ensemble des médecins libéraux de France par les autres unions de médecins, mais aussi par des syndicats d’infirmières ou des unions de sages-femmes.

L’ASEF est présente sur tous les champs de la santé environnement.

L’évaluation du PNSE3 effectuée par les rapports IGAS et CGEDD montre le manque de moyens, le manque d’obligation de résultats, l’insuffisance d’objectifs quantifiés de ce plan ; on remarque que seulement 20% des actions du plan étaient orientées vers la réduction des facteurs nocifs ou la prise en charge de leurs conséquences, et seule l’action 63 avait une obligation quantifiée de disparition des points noirs dus au bruit.

Nous considérons que ce plan est globalement un échec.

Nous proposons :

Une Interministérialité renforcée car la santé liée à l’environnement peut être influencée par l’ensemble des politiques publiques.

Une gouvernance renforcée du GSE avec une autonomie, des moyens, des capacités d’autosaisine, le recueil des données sanitaires et leur partage, qui passe en particulier par la création de registres territoriaux, et la mutualisation des expériences de terrain.

Cela nous parait une correction importante à apporter à la faiblesse de la gouvernance du PNSE 3 qui a été relevée par les enquêtes d’évaluation.

Les axes du PNSE 4 ont été présentés lors de la réunion du 21 Mars 2019 : nous souhaitons des moyens opérationnels, des objectifs quantifiés, une obligation de résultats. Après la présentation qui a été effectuée, ces points ne sont pas formalisés.

L’action territoriale nous parait essentielle, et à l’instar des bureaux d’hygiène nous proposons que la compétence santé environnement soit donnée aux EPCI et Métropole, et sécurisée par les contrats plan état région. L’introduction par la suite dans les documents d’urbanisme (PDU, PLU, SCOT …) d’études d’incidence sanitaire doit devenir obligatoire.

Une action législative semble être nécessaire pour valider cette action fondamentale.

Pour nous, professionnels de santé, l’objectif d’un plan national est d’améliorer la santé de la population et tous les éléments nécessaires à sa réussite doivent être mis en place.

Je sollicite donc un rendez-vous pour évoquer avec vous, les enjeux majeurs de santé publique liés à la santé environnement, et analyser ensemble les solutions nécessaires pour relever ce défi.

Dans l’attente, veuillez agréer, Monsieur le Ministre d’Etat, l’expression de mes sentiments les plus respectueux.

Dr Pierre SOUVET

Président ASEF »

En bref, dans l’actualité :

  • Le 27 mars, l’association RESPIRE (faisant partie du Collectif Air Santé Climat) a publié un rapport sur la pollution de l’air aux abords des établissements scolaires et d’accueil de la petite enfance en Île de France [8]. Vous pouvez également consulter leur carte interactive. Sur les 12 520 établissements étudiés, « 682 étaient exposés à des niveaux de pollution de l’air dépassant les normes légales de dioxyde d’azote (NO2) ». Malgré tout, en 5 ans, ce rapport montre que les niveaux de polluants ont diminué. Notons, par ailleurs, que ce sont les niveaux règlementaires européens qui ont été pris en compte, ceux de l’OMS étant bien plus sévères. L’association Respire propose des recommandations dont celle d’ « étendre et d’intensifier les zones à faibles émissions », en restreignant la circulation des voitures les plus polluants, de « Mener des mesures locales à proximité immédiate des établissements » ou encore de « Renforcer la mesure de la qualité de l’air à l’intérieur des écoles ». Rappelons que l’ASEF avait publié une enquête dans 9 crèches en France, portant sur la qualité de l’air intérieur [5].
  • Le 29 mars, c’est au tour de Greenpeace de publier sa carte interactive de la pollution de l’air autour des établissements scolaires et lieux d’accueil de petite enfance à Marseille. Le bilan : « 58% des écoles et crèches se trouvent à moins de 200 mètres d’une zone extrêmement polluée » [9].
  • La revue médicale International Journal of cancer [10] a publié le 21 mars une étude démontrant que l’exposition au chlordécone augmente jusqu’à trois fois le risque de récidive de cancer de la prostate. Le professeur Multignier (chercheur à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale), l’un des deux auteurs, souligne que « cette étude montre que le chlordécone n’a pas seulement un rôle dans la survenue de la maladie mais qu’il influence également son évolution et les traitements ». Avec 500 nouveaux cas par an en Martinique, cette dernière détient le record du monde de cancers de la prostate.
  • Une bonne nouvelle outre-Atlantique : Monsanto/Bayer a été condamné, pour la deuxième fois, à verser plus de 80 millions de dollars à un septuagénaire atteint d’un lymphome non hodgkinien,  pour « négligence », « défaut de conception » et « manque d’avertissements » sur les risques sanitaires de l’utilisation du fameux « Roundup ». A noter que cette condamnation s’appuie sur la valeur scientifique de la démonstration du lien entre « Roundup » et lymphome non hodgkinien. A ce jour, Bayer fait face à plus de 11 000 procédures de ce type aux Etats-Unis.

Avant de clore ces brèves, nous vous rappelons que l’ASEF soutient l’Appel des Coquelicots qui demande l’interdiction de tous les pesticides de synthèse et vous invitons à signer et à diffuser l’appel autour de vous : https://nousvoulonsdescoquelicots.org/l-appel/

Petit point agenda :

  • Le 10 avril: Dr Legoff représentera l’ASEF à l’assemblée générale des Parcs Naturels Régionaux de France, à Paris.
  • Le 16 avril, Gilles Dixsaut, président du Comité national contre les maladies respiratoires, assistera, au nom de l’ASEF, à un dîner d’échanges sur la qualité de l’air dans la métropole du Grand Paris, à Saint Ouen.

Nous vous donnons rendez-vous le 18 avril 2019 pour les prochaines brèves, 

D’ici là portez-vous bien

Le Club des 10 de l’ASEF