Octocrylène et Benzophénone

La benzophénone est soupçonnée d’être allergène, mutagène, cancérogène (classé 2B) et perturbateur endocrinien ; utilisée comme filtre UV, elle est présente dans de nombreux cosmétiques (vernis à ongles, baumes à lèvres, crèmes solaires, parfums, fonds de teint). On la retrouve cependant, comme l’a montré une équipe franco-américaine (Chemical Research in Toxicology, mars 2021 CNRS) [2], dans des produits contenant de l’octocrylène, lui aussi utilisé dans le même but, une fois le produit ouvert. Le but de l’article était donc

1) D’apprécier la présence de de Benzophénone dans une large variété de protections solaires n’en contenant pas a priori, tant françaises qu’américaines,

2) De mesurer une éventuelle augmentation de concentration au fil du temps une fois le contenant ouvert, et enfin,

3) D’apprécier si la dégradation de l’octocrylène pouvait expliquer cette contamination.

Seize lignes de produits ont été achetées qui contenaient de l’octocrylène. Après vieillissement, on retrouvait une concentration de Benzophénone de 39mg/kg en moyenne (6 à 186mg/kg). Les produits sans octocrylène ne contenaient pas de Benzophénone.

La Benzophénone pouvant être absorbée par la peau à plus de 70% dans certains cas ( Bronaugh Food Chem Toxycology 1990) et près de 3000 produits de protection solaire étant commercialisés en 2019 aux Etats Unis, les auteurs soulignent l’urgence d’une mise à jour de la règlementation sur les produits contenant de l’octocrylène.

Le site VEILLENANOS édité par l’association Avicenn promeut davantage de transparence et de vigilance sur les nanoparticules ; l’ASEF est d’ailleurs partie prenante.

Dr Jean Lefèvre, cardiologue et porte-parole de l’ASEF

[2] Benzophenone Accumulates over Time from the Degradation of Octocrylene in Commercial Sunscreen Products, C. A. Downs, Joseph C. DiNardo, Didier Stien, Alice M. S. Rodrigues, and Philippe Lebaron, Chemical Research in Toxicology Article ASAP DOI: 10.1021/acs.chemrestox.0c00461