12 juin 2017

Les cosmétiques passés au crible - la synthèse de l'ASEF

Ils envahissent notre salle de bain et nous les utilisons pour nous laver, hydrater notre peau ou tout simplement pour nous sentir bien : les cosmétiques sont devenus les produits incontournables de notre quotidien. Pourtant ils peuvent contenir des substances nocives comme des perturbateurs endocriniens, des molécules allergisantes, irritantes, voire même cancérigènes. Qui s’est déjà réellement posé la question de l’effet de ces cosmétiques en se lavant les cheveux ou en se brossant les dents ? Récemment les alertes se sont multipliées sur les ingrédients néfastes présents dans ces recettes, et les mentions «naturel», «sans parabens» ou «sans sulfates» ont fleuri sur les flacons. Alors quelles sont au juste les substances néfastes dans les cosmétiques et comment les éviter ? L’ASEF passe au crible les cosmétiques susceptibles de nuire à notre santé.

Vous trouverez en fin de page un tableau récapitulatif des différentes substances, risques et alternatives.

Les ingrédients nocifs des cosmétiques

Les conservateurs

Les parabens / parabènes

On entend beaucoup parler des parabènes depuis quelques années, et on voit des étiquettes «sans parabène» fleurir sur les emballages des cosmétiques. Un parabène est en fait un conservateur utilisé pour ses propriétés antibactériennes et antifongiques. On les retrouve d’ailleurs dans plus de 80% des produits d’hygiène et de toilette.

Il existe également des parabènes naturels dans certains aliments, notamment les fraises, les carottes et les oignons ; mais ces parabènes sont différents de ceux des cosmétiques issus de la pétrochimie et sont de plus métabolisés lors de l’ingestion.

La législation européenne autorise l’utilisation de certains parabènes dans les cosmétiques et un ou plusieurs parabènes peuvent être présents dans un produit donné. La concentration totale maximale autorisée dans ces produits de consommation est de 8g de parabènes par kg du produit cosmétique, aucun parabène ne devant avoir une concentration supérieure à 4 g/kg. A noter que les parabens les plus dangereux ont été interdits en 2014 (isobutyl, isopropyl, benzyl, phenyl et pentylparaben), et que le propyl et le butylparaben sont interdits dans les produits non rincés à destination des moins de 3 ans (lingettes, crèmes).

Chez l’homme, la présence de parabènes peut être détectée dans l’urine et dans la glande mammaire. Les parabènes pénètrent facilement dans la peau et semblent agir comme des perturbateurs endocriniens. En effet, des études récentes ont suggéré que les parabènes sont capables de se lier avec les récepteurs aux œstrogènes [1], ce qui pourrait entraîner une diminution de la fertilité chez l’homme et favoriser l’apparition de tumeurs dépendantes aux œstrogènes. Egalement, il a été montré que le méthylparabène accélérait le vieillissement cutané et provoquaient des dommages à l’ADN lors d’une exposition au soleil [2].

A noter cependant que la médiatisation de ces composés ont conduit à les remplacer par d’autres conservateurs, tels que le méthylthiazolinone (voir ci-dessous).

MIT/MCIT

Comme mentionné, le fait d’avoir alerté sur les parabènes a entraîné certains fabricants à le remplacer par d’autres substances et ainsi de mettre la mention «sans parabènes» sur l’emballage. Cela pourrait paraître rassurant… si les produits de remplacement n’avaient pas d’autres effets nocifs !

Ainsi, la méthylthiazolinone (MIT) a été sacrée allergène de l’année en 2013 par la société américaine des dermatites de contact, un regroupement de dermatologues. Ils désignent ainsi l’ingrédient qui a occasionné le plus de dégâts chez les patients.

La MIT et sa cousine, la méthylchloroisothiazolinone (MCIT) sont donc employées comme conservateurs dans divers cosmétiques. Les autorités de santé ont interdit le mélange de ces deux substances dans les produits sans rinçage. Notons que depuis février 2017, la MIT a été interdite dans les cosmétiques sans rinçage, même seule.

Le phénoxyéthanol

Le phénoxyéthanol fait partie de la famille des éthers de glycol, issus généralement de la pétrochimie. Il est utilisé dans de nombreux produits cosmétiques tels que les crèmes, gels, lotions, shampooings, dentifrices, démaquillants ou lingettes. Sa concentration maximale d’utilisation est de 1%.

Les données toxicologiques ont montré qu’il était bien absorbé par la peau, métabolisé par le foie et rejeté majoritairement dans les urines. Si ces données n’ont pas montré d’effet irritant, plusieurs cas de sensibilisation ont été rapportés (comme de l’eczéma ou de l’urticaire) [3]. Le composé est également suspecté d’être toxique pour la reproduction et pour le développement à forte dose. En 2012, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) a jugé ce composé sûr pour les adultes mais a recommandé des limites à 0,4% pour les enfants de moins de 3 ans [4]. Mais la commission européenne a rejeté cet avis pour maintenir la sûreté de ce conservateur.

Les sulfates

Autres ingrédients pointés du doigt puisqu’on retrouve de plus en plus souvent des étiquettes «sans sulfates», que sont-ils réellement ? Ce sont des ingrédients synthétiques utilisés en tant que tensioactifs, c’est-à-dire qu’ils agissent comme des agents de surface moussant lors du contact du produit avec l’eau. Ils ont ainsi une action détergente. Ils sont fabriqués à partir de soufre, d’un dérivé de vaseline et d’acide laurique (tiré de l’huile de coco ou de l’huile de palme). Ces produits sont avantageux en raison de leur faible prix, de leur capacité moussante et de leur pouvoir de stabilisation. Parmi les plus courants, citons le sodium lauryl sulfate (SLS) et l’ammonium lauryl sulfate (ALS).

Mais ces sulfates sont des agents irritants bien connus. D’ailleurs le SLS est parfois utilisé pour induire expérimentalement des dermatites de contact. Dès 1983, une étude a montré qu’une concentration de 0.5% de SLS était susceptible d’entraîner une irritation cutanée ; or, certains savons contiennent 30% de SLS ! Si ces substances induisent un inconfort (peau qui tiraille, picotements des yeux…), elles détruisent également les lipides qui forment la barrière cutanée. Cette destruction fragilise la peau mais permet également de faciliter le passage pour d’autres molécules toxiques de notre environnement. Enfin, si les sulfates ne sont pas directement cancérigènes, ils peuvent réagir avec d’autres composés et acquérir une capacité cancérigène.

Les siloxanes

Les siloxanes sont des composés dérivés du silicium et sont retrouvés dans de nombreux cosmétiques. Les siloxanes polymérisés sont des silicones. Ils sont utilisés en tant qu’agents émollients, c’est-à-dire pour adoucir la peau ; ils laissent en effet une fine pellicule sur la peau donnant une sensation d’hydratation et de douceur.

Il a été montré que certains composés de cette famille, le cyclotétrasiloxane et le cyclopentasiloxane, sont toxiques, persistants et possèdent un potentiel de bioaccumulation dans les milieux aquatiques. Le cyclotétrasiloxane est également classé comme perturbateur endocrinien par l’Union Européenne ; il est potentiellement toxique pour la reproduction.

Le triclosan

Le triclosan est utilisé dans les produits cosmétiques pour ses propriétés biocides, c’est-à-dire antifongiques et antibactériennes. Mais son innocuité est abondamment contestée par certaines études scientifiques.

En effet, il a été démontré que ce composé est susceptible de passer à travers la barrière cutanée pour pénétrer dans la circulation sanguine [5]. Il a également été classé cancérigène potentiel par le CIRC. Il peut former du chloroforme lorsqu’il est en contact avec du chlore, contenu dans l’eau du robinet. Il est également suspecté d’être contaminé par des dioxines, qui se forment lors de la dégradation. Ces dioxines sont très toxiques et sont classées comme perturbateurs endocriniens ; elles ont également tendance à s’accumuler dans l’organisme.

Le triclosan est aussi suspecté d’interférer avec les hormones thyroïdiennes [6]. Il interfère d’ailleurs négativement avec ces hormones chez le rat ayant été exposé au triclosan in utero. Une autre étude a démontré qu’il pouvait affecter le système immunitaire et entraîner une aggravation des allergies [7]. Une étude américaine de 2012 a même montré qu’il pouvait provoquer des troubles musculaires et cardiaques [8].

Enfin, il est suspecté de causer le développement de bactéries plus résistantes. Le Comité Scientifique pour la Sécurité des Consommateurs a émis un rapport sur les dangers potentiels de la résistance aux antibiotiques causés par l’utilisation du triclosan [9].

En septembre 2016, la Food and Drug Administration (FDA) a interdit ce composé dans les savons [10].

BHT/BHA

Le butylated hydroxyanisole (BHA) est un antioxydant ; il permet donc d’éviter l’oxydation des formules, notamment de la phase grasse des émulsions, susceptible de rancir. Si son utilisation devient rare dans les produits cosmétiques, il fait partie des substances classées «cancérogènes possibles» par le CIRC. Il fait également partie des substances proposées par la France à la Commission Européenne pour une évaluation d’urgence de ses propriétés toxiques. Il aurait en effet des propriétés toxiques pour la reproduction et est considéré comme perturbateur endocrinien.

Du fait de ces propriétés, il a été remplacé par le BHT ou butylated hydroxytoluene. Mais ce composé semble avoir également des caractéristiques de perturbateur endocrinien. L’ANSES a saisi les autorités européennes pour une réévaluation de ses effets sur le système hormonal et la reproduction, ainsi que son éventuel effet cancérogène.

Les filtres UV

Les filtres UV sont des substances utilisées notamment dans les crèmes solaires. Mais pas seulement ! On les trouve aussi dans des crèmes de jour ou fond de teint, parfois même sans indication d’une protection contre les ultraviolets. Ces filtres sont également employés pour protéger les produits contenus dans des flacons transparents.

Une fois introduit dans l’organisme, ces filtres chimiques peuvent porter atteinte à la santé humaine, mais également à la santé animale. Une étude s’est notamment penchée sur les effets perturbateurs endocriniens  potentiels des filtres solaires [11]. Parmi les 9 filtres étudiés, 8 ont montré des propriétés œstrogéniques in vitro, c’est-à-dire qu’ils miment l’effet des œstrogènes ; 2 ont montré des propriétés antiandrogéniques, c’est-à-dire qu’ils sont susceptibles d’être féminisants. Enfin, 6 ont entraîné une augmentation du poids de l’utérus de rats femelles. L’étude a également montré que l’exposition des animaux à certains filtres avant et après la naissance affectait le développement hormonal et modifiait l’expression des gènes régulés par les hormones femelles. Des malformations congénitales, des retards pubertaires chez les mâles et des modifications des organes reproducteurs ont ainsi été observés. Selon l’étude, l’exposition à ces filtres UV pendant la grossesse pourrait faire courir le même risque aux fœtus.

D’autres ont un fort pouvoir allergisant, par exemple, l’octyl methoxycinnamate ou benzophenone-3. En 2011, l’AFSSAPS a émis un avis visant à limiter l’utilisation de ce filtre dans les produits cosmétiques. Des recherches ont montré que ce composé pouvait agir comme un perturbateur endocrinien au niveau des œstrogènes et des hormones thyroïdiennes [12]. Cependant il reste souvent utilisé, y compris dans des produits tels que des sticks à lèvres, restant longtemps au contact des muqueuses et pouvant être avalés.

Enfin, les filtres UV peuvent également contenir des nanoparticules, notamment de dioxyde de titane. Mais les nanoparticules peuvent elles aussi présenter des risques pour la santé. En 2006, une étude a montré que leur passage à travers les cellules de l’organisme puis vers la circulation sanguine et les organes internes est facilité par leur petite taille [13]. Egalement, il a été suggéré que le dioxyde de titane pouvait induire des dommages au niveau de l’ADN, favorisant ainsi le développement de cancers [14]. Enfin, l’utilisation de nanoparticules dans des formules en spray ou en poudre expose à l’inhalation de nanoparticules, qui peuvent pénétrer très profondément dans le système respiratoire et passer dans le sang via les alvéoles pulmonaires. En-dehors de cette situation particulière, il n’a pour l’instant pas été possible de parvenir à une conclusion définitive sur la dangerosité des nanoparticules. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) recommande tout de même de ne pas utiliser de cosmétiques – en particulier les crèmes solaires – contenant des nanoparticules de dioxyde de titane sur une peau lésée ou sur les coups de soleil du fait des risques potentiels pour la santé humaine.

Encadré : En ce qui concerne les cabines UV…

C’est un fait : les séances de bronzage en cabine augmentent le risque de cancer de la peau, notamment celui de mélanome. Chaque année en France, près de 10 000 nouveaux cas de mélanome de la peau sont détectés et 1 600 personnes meurent de ce cancer.

Selon une étude (6) publiée en avril 2012, en 40 ans, l’incidence du cancer de la peau a été multipliée par huit chez les jeunes femmes et par quatre chez les hommes, alors même que sur l’ensemble d’une vie, le risque de mélanome est plus grand chez les hommes que chez les femmes.

Cette explosion des cancers de la peau chez les jeunes adultes s’expliquerait par un usage accru des salons de bronzage, surtout chez les femmes.

En mai 2013, l’Académie Nationale de Médecine a mis en garde contre cette pratique et a précisé que contrairement aux idées reçues, les séances d’UV ne préparaient pas la peau au bronzage. Elle a demandé l’interdiction de toute publicité sur les cabines de bronzage UV, comme pour le tabac et l’alcool.

Les produits colorants

Les colorants sont largement utilisés dans les cosmétiques. Mais certains ont des effets très importants.

Par exemple, la paraphenylene diamine, très utilisé dans les colorations pour cheveux, est un allergène de contact très puissant pouvant engendrer des réactions graves. Beaucoup de cas d’allergies ont été rapportés chez les coiffeurs et les utilisateurs de ces produits, c’est pourquoi il y a toujours un avertissement sur ces cosmétiques demandant de faire un test d’allergie 24 ou 48h avant utilisation.

Encadré : les tatouages au henné

Que ce soit sur les plages, dans les centres de vacances ou sur les marchés, chaque été, les tatouages au henné rencontrent un franc succès. Moins douloureux que les tatouages traditionnels, on se laisse plus facilement tenter par les motifs variés, d’autant plus qu’ils ne durent que trois semaines. Pourtant, le henné peut contenir des produits chimiques et présenter des risques pour la santé.

Le henné naturel, dont la couleur varie du marron à l’orange, est inoffensif. Mais pour renforcer sa couleur et augmenter la longévité du tatouage, certains tatoueurs y ajoutent illégalement de la paraphénylène diamine pour donner du « henné noir ». Interdit depuis 2005 dans les cosmétiques à l’exclusion des colorations capillaires, il est employé à des concentrations bien trop élevées (20 à 30%) dans le henné noir. Il peut être à l’origine de réactions allergiques, de démangeaisons et d’eczéma de contact (eczéma allergique) qui prend la forme du motif initialement tatoué ou s’étendre à la zone avoisinante voire à tout le corps. L’eczéma peut entraîner des réactions violentes, nécessitant parfois une intervention médicale urgente voire une hospitalisation.

Une fois sensibilisé à un excès de PPD, l’eczéma réapparaîtra à chaque nouveau contact avec des produits ou objets teintés avec ce colorant et la sensibilisation provoquée par le contact au PPD est définitive et irréversible.

Dans les autobronzants, on utilise de la dihydroxyacétone, une molécule qui réagit avec les acides aminés de la peau pour former une coloration jaune-orangée. La dihydroxyacétone ne semble pas directement toxique mais peut représenter un danger secondaire en incitant les utilisateurs à ne pas utiliser de crème solaire puisque «déjà bronzés». Or les autobronzants ne permettent absolument pas la même protection qu’un bronzage naturel, il s’agit tout simplement d’une coloration temporaire (durée de vie maximum d’une dizaine de jours). Il convient également d’éviter les autobronzants en spray à cause du risque d’inhalation de la DHA.

Les polyéthylènes glycols (PEG)

Les PEG sont utilisés comme épaississants et humectants dans de nombreux produits cosmétiques tels que les savons liquides, les crèmes hydratantes, les shampoings… On les retrouve également dans du maquillage puisqu’ils permettent de donner une texture veloutée aux produits.

Ces produits peuvent être irritants s’ils sont utilisés en grande quantité. Ils peuvent également contenir de nombreuses impuretés toxiques (oxyde d’éthylène, hydrocarbures aromatiques polycycliques, métaux lourds…). Il semble qu’ils aient également certaines propriétés génotoxiques [15].

Les phtalates

Les phtalates sont particulièrement utilisés dans les parfums, afin de dénaturer l’alcool, c’est-à-dire de le rendre impropre à la boisson (c’est une obligation règlementaire). Ils sont également utilisés en tant que fixateurs, dans les vernis ou les laques pour cheveux par exemple. Mais ils sont toxiques pour la reproduction. Une étude a montré que l’exposition des testicules d’hommes adultes aux phtalates entraînait une inhibition de la production de testostérone, responsable d’une réduction de la taille des testicules [16]. Les phtalates seraient également responsables d’une puberté précoce chez des filles de 6 à 8 ans [17]. Enfin, une étude de 2009 a montré que l’exposition régulière aux phtalates pendant la grossesse (par exemple chez les coiffeuses) entraînait un risque triplé d’une malformation congénitale, l’hypospadias, chez le bébé [18].

Les sels d’aluminium

L’aluminium dans les déodorants est montré du doigt depuis plusieurs années. Il est principalement utilisé comme antitranspirants, à des proportions pouvant aller jusqu’à 25%. Certains suspectent d’ailleurs un rôle de l’aluminium dans l’apparition du cancer du sein. En effet, il a été montré que la teneur en aluminium chez des patientes atteintes de ce type de cancer était plus importante dans les tissus proches de l’aisselle que dans le reste du corps [19]. A Genève, des chercheurs ont mis en lumière les effets néfastes des sels d’aluminium sur les cellules mammaires humaines in vitro [20]. Enfin, cette même équipe a montré récemment le rôle de l’aluminium in vivo. Les cellules transformées par l’aluminium ont été injectées en sous-cutané chez des souris, provoquant le développement de tumeurs et de métastases, alors que des cellules non traitées n’entraînaient pas la formation de tumeurs [21].

Les effets environnementaux

Beaucoup d’effets potentiels des substances composant les cosmétiques sur la santé donc… mais qu’en est-il de l’action de ces molécules sur l’environnement ? En effet elles sont souvent rejetées par les eaux usées dans les milieux aquatiques. Et beaucoup de ces substances sont persistantes et toxiques pour les organismes aquatiques. Les silicones par exemple, ne se dégradent qu’au bout de 500 ans et dans des milieux secs. Les huiles minérales sont dérivées du pétrole et ne sont pas biodégradables.

De nombreuses études ont mis en évidence l’action des perturbateurs endocriniens sur la biodiversité. Dans les années 80, on a observé des extinctions de masse chez les mollusques des zones portuaires marines. Les perturbateurs endocriniens sont également responsables de problèmes de reproduction chez les poissons. En 2010, une étude a confirmé la perturbation endocrinienne généralisée des poissons de la plupart des rivières françaises.

Les filtres solaires quant à eux ont de très graves répercussions sur les coraux ; ils agissent en fait sur des organismes symbiotiques des coraux, les zooxanthelles, ce qui provoque le blanchissement et la mort du corail. A l’échelon mondial, entre 6000 et 14000 tonnes de crèmes solaires sont dispersées au niveau des coraux ; c’est un phénomène massif est très inquiétant.

Enfin, dans le cas de certaines substances, c’est le procédé de fabrication qui est extrêmement polluant. Par exemple, les PEG sont fabriqués à partir d’oxyde d’éthylène, un gaz très toxique, cancérigène et mutagène, utilisé notamment comme arme chimique ( !).

La règlementation

Les cosmétiques sont des produits strictement encadrés par la législation ; cette règlementation est identique en France et dans toute l’Union Européenne. Elle définit notamment :

  • la liste des substances interdites (plus de 1300 substances),
  • la concentration maximale autorisée
  • la liste restrictive des colorants, conservateurs et filtres solaires qui peuvent être utilisés dans les produits cosmétiques

Contrairement aux médicaments, la commercialisation d’un produit cosmétique n’est pas soumise à une autorisation de mise sur le marché (AMM). En conséquence, les fabricants, importateurs ou responsables de la mise sur le marché des produits cosmétiques assument la responsabilité de la sécurité de leurs produits.

Depuis 1998, en Europe, tous les fabricants de cosmétiques sont tenus de suivre la nomenclature internationale des ingrédients cosmétiques (INCI) qui les oblige à préciser, sur l’emballage de leurs produits, la liste complète des ingrédients dont la contenance dans le produit dépasse 1%, dans l’ordre décroissant de leur quantité.

De plus, depuis 2006, la commission européenne exige des industriels qu’ils répondent à toute demande de renseignements (téléphonique, écrite ou via Internet) provenant d’un consommateur sur les effets indésirables de leurs produits, comme les réactions allergiques.

Les alternatives

Les cosmétiques sûrs

La première solution consiste à utiliser des cosmétiques BIO ou portant un Ecolabel. Le plus connu des labels français spécifiques à la cosmétique est « Cosmébio », agréé par les experts Ecocert. Il se décline sous la forme de deux appellations : BIO et ECO.

Le label BIO indique qu’au minimum 95 % des végétaux utilisés et 10 % de l’ensemble des ingrédients sont issus de l’agriculture biologique. Seules les plantes peuvent être qualifiées de « BIO », c’est-à-dire provenant de l’agriculture biologique. Autrement dit, les produits qui contiennent des conservateurs, des tensio-actifs ne peuvent pas se revendiquer comme produits cosmétiques bio. Une majorité de produits à base de cires et d’huiles, essentielles et végétales, garantissent ainsi une forte concentration de composants BIO. Ils ne comprennent pas de conservateurs de synthèse (comme les parabènes) ni de produits issus de la pétrochimie (comme la paraffine ou la silicone).

Quant au label ECO, il garantit qu’au minimum 50% des ingrédients végétaux et 5% de l’ensemble des ingrédients sont issus de l’Agriculture Biologique.

Par ailleurs, les cosmétiques portant l’un des deux labels Cosmébio doivent être composés au minimum de 95% d’ingrédients naturels ou d’origine naturel.

Plus exigeant que Cosmébio, le label allemand BDIH est géré par la fédération des entreprises commerciales et industrielles allemandes pour les médicaments, les produits diététiques, les compléments alimentaires et les soins corporels. Moins orienté bio, il garantit surtout l’origine naturelle des ingrédients. Colorants, produits de la pétrochimie et parfums de synthèse sont interdits.

Il y a ensuite le traditionnel Eco label européen, mais que l’on trouve uniquement sur les savons, shampoings et après-shampoing.

En plus du contenu, les cosmétiques BIO et labellisés doivent aussi avoir un emballage plus léger, biodégradable et recyclable.

Pour les vernis à ongles, il existe un label : « Four free« . C’est une appellation qui garantit l’absence des quatre substances les plus dangereuses que les vernis sont susceptibles de contenir (phtalates, formaldéhyde, toluène et camphre synthétique). Il existe aussi une nouvelle génération de vernis écolo, ils sont à l’eau ou contiennent 85 % de substances naturelles.

Attention néanmoins à ne pas confondre les cosmétiques bio avec les cosmétiques naturels, dont la composition n’est pas toujours très écologique…

Les cosmétiques faits maison

L’autre solution consiste à réaliser soi-même ses produits de beauté. Vous préserverez ainsi votre santé, la planète, mais aussi votre budget…

Il suffit d’avoir chez soi ces quelques ingrédients de base :

– Du savon pur de Marseille ou d’Alep

– Des huiles essentielles que l’on peut acheter dans les magasins «bio» ou en parapharmacie.

– Des huiles végétales qui se trouvent dans les boutiques «bio» et parfois au rayon alimentation des grandes surfaces.

– De la cire d’abeille et des eaux florales qui se vendent dans les magasins «bio».

– De l’argile pure, en vente en pharmacie, parapharmacies, magasins « bio » ou diététiques.

Vous pourrez ainsi faire du savon, du gel douche, du shampoing, des soins pour cheveux, des crèmes nourrissantes, des masques, du déodorant, et plein d’autres cosmétiques indispensables pour se sentir bien. Veillez simplement à respecter les règles d’hygiène élémentaires (lavage des mains, stérilisation des contenants et du matériel) et les dates de conservation des produits.

Attention aux huiles essentielles, certaines sont photosensibilisantes (la peau réagira lors d’une exposition au soleil), d’autres sont dermocaustiques (elles peuvent brûler la peau, généralement lorsqu’elles sont utilisées pures) ; enfin certaines sont très dangereuses pendant la grossesse (les huiles essentielles de menthe par exemple sont neurotoxiques pour le fœtus). Gare donc à leur utilisation qui ne doit pas se faire au hasard !!

Conclusion

Chaque cosmétique referme de nombreuses substances chimiques ayant des effets sur notre santé. Mais le plus dangereux, c’est l’exposition simultanée à tous les produits chimiques auxquels nous sommes soumis au quotidien, qu’il s’agisse des cosmétiques, de la pollution atmosphérique, des produits d’entretien, de l’alimentation, etc. L’action de toutes ces substances en même temps peut avoir des effets difficilement identifiables, c’est ce que l’on nomme l’effet « cocktail ». C’est pourquoi il est essentiel de se préserver de toutes ces substances, et en particulier les enfants et les femmes enceintes.

Produit Rôle Où les trouve-t-on ? Risques sanitaires Règlementation Européenne
Parabens Conservateurs > 80% des produits cosmétiques
  • Effet estrogénique
  • Vieillissement cutané, dommages à l’ADN avec l’exposition au soleil
  • 4g/kg de produit maximum pour un parabène
  • 8g/kg maximum pour l’ensemble des parabens
MIT/MCIT Conservateurs   Très allergisant Interdiction de la MIT depuis février 2017
Phénoxy éthanol Conservateur Très employé dans les produits pour bébé
  • Sensibilisation
  • A fortes doses : toxique pour la reproduction et le développement
Concentration max : 1%
Sulfates Tensioactifs et détergents Utilisés dans de nombreux produits moussants
  • Irritants
  • Réaction avec d’autres composés pour devenir cancérigènes
Pas de norme
Siloxanes Agents émollients Très utilisés dans les démêlants pour cheveux et les crèmes hydratantes
  • Certains sont perturbateurs endocriniens
  • Potentiellement reprotoxiques
Pas de norme
Triclosan Biocide Nombreux cosmétiques, particulièrement les dentifrices
  • Cancérigène potentiel
  • Peut être contaminé par des dioxines, toxiques et perturbateurs endocriniens
  • Affection du système immunitaire, allergisant
  • Favorise la résistance bactérienne aux antibiotiques
  • Interdit dans les savons en Amérique du Nord
  • Pas de règlementation européenne
BHT/BHA Antioxydants Retrouvé dans les formules contenant des huiles ou graisses
  • BHA : cancérogène possible, reprotoxique, perturbateur endocrinien
  • BHT : perturbateur endocrinien
Evaluations européennes en cours
Filtres UV chimiques Produits solaires Majoritairement dans les produits solaires, mais aussi crèmes de jour et maquillage
  • Fort pouvoir allergisant
  • Certains sont perturbateurs endocriniens et toxiques pour la fertilité masculine
  • 26 filtres autorisés en Europe
  • Concentrations maximales entre 2 et 10%
Paraphenylene diamine Colorant noir Colorations pour cheveux, parfois dans les tatouages au henné Extrêmement sensibilisant Exclusivement réservé aux colorations capillaires
phtalates parfums parfums Perturbateurs endocriniens
  • DEHP interdit en Europe
  • Evaluation en cours

Tableau récapitulatif des principales substances à risque dans les cosmétiques

Bibliographie

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[3]        INRS. le phénoxyéthanol n.d.

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[5]        Moss T, Howes D, Williams FM. Percutaneous penetration and dermal metabolism of triclosan (2,4, 4’-trichloro-2’-hydroxydiphenyl ether). Food Chem Toxicol Int J Publ Br Ind Biol Res Assoc 2000; 38:361–370.

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